Lors de son intervention à la première réunion de la sous-commission de droits de l’homme du parlement européen ce lundi 31 août, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix, a dit soutenir la promotion de la justice transitionnelle voulue par le Président Félix Tshisekedi pour les crimes commises en RDC.
Le prix Nobel de la paix a appelé les députés nationaux à accompagner la démarche du chef de l’État.
« Tout dépend de la volonté du nouveau président puisqu’il n’a pas ces liens. Donc il peut avancer, il a déjà fait un programme demandant que le gouvernement puisse examiner la possibilité de la justice transitionnelle qui viendrait en appui à tout le travail que nous faisons. Moi je pense que c’est très important que nous puissions avancer dans le sens de la justice transitionnelle qui ne peut pas se faire s’il n’y a pas les instruments des poursuites de ceux qui ont commis des crimes et là je crois que nous sommes sur un bon chemin mais il faut absolument qu’il soit soutenu. J’en appelle encore aux députés de pouvoir soutenir cette initiative du président de la république pour permettre à ce que cette justice transitionnelle puisse s’instaurer en RDC », a-t-il dit.
Il sied de rappeler que le 10 août dernier le prix Nobel de la paix avait déjà salué le processus d’une justice transitionnelle enclenché par le chef de l’Etat Félix Tshisekedi en vue de reconnaître les différents crimes commis au pays et obtenir réparations. Pour lui, cela constitue “un pas en avant pour la reconnaissance du droit des victimes à la justice, à la vérité et à des réparations”.
Ci-dessous : un article de nos confrères D’actualité.cd sur le plaidoyer du Docteur Dénis Mukwege.
Plaidoyer pour le rapport Mapping
En effet, si le Prix Nobel de la Paix Mukwege salue l’initiative du président de la république, c’est suite à son plaidoyer qu’il mène depuis des années pour l’exhumation du rapport Mapping de l’ONU sur les crimes commis en RDC. Ce rapport avait été élaboré par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme. Il revient sur les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la République démocratique du Congo (RDC) entre mars 1993 et juin 2003.
« Le temps est venu de déterrer le rapport Mapping et de mettre en œuvre ses recommandations car les victimes d’hier et d’aujourd’hui ont droit à la justice, à la vérité, à la réparation et à des garanties de non-répétition face à ces atrocités de masse qui ne devraient laisser personne indifférent et qui doivent susciter des actions fortes tant des autorités congolaises que de la communauté internationale », avait rappelé Mukwege le 17 juillet dernier, à l’occasion de la journée de la Justice Internationale, qui commémore l’adoption du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI).
Depuis des années, Mukwege insiste, dans son plaidoyer, sur le fait qu’on ne pourra enrayer les cycles de violence et construire la paix en RDC sur des fosses communes et sur un déni de vérité et de justice. Ce plaidoyer tourne notamment autour de l’établissement d’un Tribunal pénal international pour la RDC et/ou de chambres spécialisées mixtes, d’une Commission de la vérité, de programmes de réparation et de garanties de non-répétition, telles qu’un assainissement de nos institutions et une profonde réforme du secteur de la sécurité et de la justice.
A propos de la justice transitionnelle
Elle désigne un ensemble de mesures judiciaires et non judiciaires permettant de remédier au lourd héritage des abus des droits humains dans les sociétés qui sortent d’un conflit armé ou d’un régime autoritaire.
Le principe est qu’en promouvant la justice, la reconnaissance des victimes et la commémoration des violations passées, on multiplie les chances de la société de revenir à un fonctionnement pacifié et démocratique. Les quatre mesures centrales de la justice transitionnelle (procès, publication de la vérité, réparations et réformes administratives) sont destinées à garantir quatre objectifs : la reconnaissance, la confiance, l’état de droit et à terme la réconciliation.