Le comité Nobel norvégien, qui décerne la prestigieuse récompense, avait reçu cette année 318 candidatures, dont une centaine qui concernaient des organisations. Une liste qui va rester secrète pendant cinquante ans.
Après la médecine, la physique, la chimie, et la littérature, la saison des prix Nobel s’est terminée ce vendredi 9 octobre avec l’annonce du lauréat du prix de la paix 2020. C’est la présidente du comité Nobel norvégien Berit Reiss-Andersen qui a annoncé le nom du lauréat devant une assistance très clairsemée, pandémie de Covid-19 oblige, dans la grande salle de l’Institut Nobel à Oslo.
Comme pressenti, c’est donc une organisation qui a été distinguée, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies. Car distinguer une personne reste toujours risqué, comme le montre l’exemple du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, lauréat l’année dernière pour avoir mis fin à la guerre avec l’Érythrée, mais contesté aujourd’hui dans son pays où il a annulé les élections générales.
Le PAM est récompensé pour « ses efforts de lutte contre la faim, pour sa contribution à l’amélioration des conditions de paix dans les zones touchées par les conflits et pour avoir joué un rôle moteur dans les efforts visant à empêcher l’utilisation de la faim comme arme de guerre », a déclaré Berit Reiss-Andersen.
Faute de grand favori, Greta Thunberg, l’activiste pour le climat, suédoise comme Alfred Nobel, faisait également partie des personnalités citées comme possibles lauréates. Tout comme la chancelière allemande Angela Merkel, citée pour sa politique d’accueil des migrants.
Son logo est devenu iconique dans certaines régions de la planète. Sur les camions transportant l’aide alimentaire, sur les sacs de riz, les boites de lait maternel, dans les camps de déplacés, dans des dizaines de pays, la main tenant un épi de maïs encadré de branches d’olivier est synonyme d’espoir, l’espoir d’un repas.
Le PAM, dont le siège est à Rome, se présente comme la plus grande organisation humanitaire mondiale. Cette gigantesque machinerie onusienne servie par 17 000 employés est née au début des années 1960, l’an dernier elle a fourni une aide à 97 millions de personnes dans 80 pays. Quinze milliards de rations alimentaires au total.
Catastrophes naturelles, conflits, déplacement de populations, le PAM intervient avec des moyens sophistiqués. Chaque jour 5000 camions, 20 navires et 92 avions sont sur le terrain pour livrer de la nourriture aux populations en détresse.
L’organisation se bat aussi pour empêcher que certains utilisent la faim comme une arme de guerre, c’est devenu l’une de ses lignes directrices. Avec un budget de 8 milliards de dollars par an, le PAM n’a cependant pas les moyens de répondre à toutes les crises. Et ses dirigeants se plaignent régulièrement d’avoir du mal à recueillir des fonds. Car tout dépend de la solidarité internationale et des donateurs. Dans ce domaime, le prix Nobel de la paix devrait lui rendre la tâche sans doute un peu plus facile à l’avenir.
RFI/Bnews