Union sacrée, parlons de ce concept consacré par le président de la République pour l’acquisition d’une nouvelle majorité parlementaire et populaire à la Jean-Jacques Rousseau en vue d’un nouveau départ au bénéfice du peuple congolais. Pour mieux élucider ce concept, le président s’est exprimé en quatre langues nationales, dans son discours mémorable marquant la fin de la coalition FCC-CACH en disant : Kisalu me banda, kazi ina anza, musala ebandi… L’union sacrée telle que présentée aujourd’hui dans l’opinion est assimilable a un corps sans chair, une figure géométrique sans contour clair.
On ne l’ignore pas : l’union sacrée est une idée géniale et même vitale pour la démocratie et la cohésion nationale de notre pays. Une idée qu’il faut toutefois bien définir et circonscrire dans le temps et dans l’espace. Il faut la doter d’un cadre politique et juridique pour son bon fonctionnement.
L’union sacrée correspond aux attentes des Congolais pour le changement dans le rensemblement. Elle doit favoriser l’unité des Congolais dans la diversité. Tout le contraire d’un unanimisme qui est une négation de la démocratie.
La bible nous apprend qu’un royaume divisé est voué à la disparition. Dans une démocratie balbutiante, chancelante et titubante comme la nôtre, l’union sacrée correspond à ma définition arithmétique de la démocratie que j’ai toujours préconisée : l’addition, la multiplication et non la division ou la soustraction.
Lorsque les gens répondent à cet appel du chef de l’Etat, ils adhérent à quoi exactement ? A l’idée? Au concept ? A la vision ? A la structure ? Il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que malgré la pertinence et la quintessence de l’idée, il y a un impératif politique de définir et d’éclaircir le concept, lui donner le fond après la forme, un contenu valide et solide.
Cela permettra d’éviter les erreurs du passé. Cela permettra à cette machine politique et patriotique de carburer à plein régime. Une telle conception aura le mérite de rendre plus lisible le concept union sacrée. Cette belle pensée ne doit pas se muer à une blanchisserie, un pannier à crabes, un fourre-tout.
L’Union sacrée aura un sens si et seulement si elle marche au service du peuple, comme qui dirait Aristote, « la politique n’a de sens, de consistance et de substance que si elle œuvre pour l’intérêt général ».
Dans l’histoire, plusieurs chefs d’Etat ont appelé à l’unité, au rassemblement, à l’instar du président Félix Tshisekedi lorsque leurs pays traversaient une situation difficile ou tout simplement lorsqu’on voulait amorcer un nouveau départ ou prendre un nouvel élan. Le général De Gaulle l’a fait en 1940 en créant le Rassemblement du peuple français (RPF). Valérie Giscard D’estain disait qu’il faut rassembler les Français au centre. Lionel Jospin n’a pas hésité de conceptualiser la majorité plurielle. Jacques Chirac prônait la France unie.
Plusieurs pays Africains font toujours recours aux gouvernements d’union nationale avec comme leitmotiv l’unité nationale et la paix. Dans un pays comme la RDC où il ya une mosaïque de peuples et de cultures, il est très difficile qu’un parti puisse rafler seul la majorité au Parlement et gouverner seul. Surtout avec le système électoral proportionnel. Les coalitions gouvernementales ne sont qu’une conséquence logique, politique et géopolitique et même historique. LUMUMBA très populaire avec son MNC n’a pas résisté à cette logique de rassemblement.
Étienne Tshisekedi d’heureuse mémoire et ses compagnons face aux enjeux politiques de l’époque Mobutu n’ont pas hésité de créer l’union sacrée de l’opposition qui a inspiré certainement le président Félix.
La meilleure preuve d’intelligence, c’est de savoir copier, disait un sage de mon village de Wenga dans le territoire de Kibombo, province du Maniema.
Moïse Moni Della
Porte parole du peuple