Le Fonds Monétaire International (FMI) vient en aide à ses pays membres en débloquant depuis lundi 23 août dernier, un financement de 650 milliards USD en Droit des tirages spéciaux (DTS). Ce financement comme prévu, vient en renfort aux efforts budgétaires que les pays membres, dont la RDC, déploient pour atténuer les chocs économiques dû à la pandémie de Covid-19.
Quelle est la part de la RDC et pour quel impact ?
A une question de savoir pourquoi la taille du financement varie d’un pays à un autre, le Professeur Emmanuel Mukendi de l’Université de Kinshasa explique : « l’accès à ces avances du FMI dépend de votre contribution dans le panier de celui-ci, ce qui fait que les pays qui ont un quota supérieur dans ce panier, bénéficient plus de ces avances, par contre les pays qui en contribuent moins en bénéficient moins aussi en termes de facilité du FMI. Raison pour laquelle certains pays ont beaucoup plus la facilité de lever beaucoup de fonds au FMI ; alors que d’autres à l’instar de la RDC, ne le peuvent pas. Ce sont de miettes. Ça ne doit pas étonner que la RDC puisse recevoir 650 millions de dollars. C’est normal parce que notre quota est très faible. »
Professeur Emmanuel Mukendi
Cependant, les accords avec les institutions de Bretton Woods ne cessent de se remettre en question à cause de son inefficacité dans la recherche du bien être de la population des pays bénéficiaires : « la plupart des reproches que l’on fait à cette institution (FMI) est que, c’est elle qui oriente la dépense liée à ces avances. De ce fait, ces dépenses peuvent être efficaces ou inefficaces, compatibles tout comme incompatibles, avec le programme des dépenses du gouvernement. Malheureusement dans la plupart de cas, ce sont des dépenses incompatibles. La preuve, c’est que depuis des années que nous entrons en programme avec ces institutions, mais nous ne voyons pas l’impact en ce qui concerne la relance de l’économie et la réduction de la pauvreté, car toute politique économique a comme finalité le bien-être de la population, donc la réduction de la pauvreté, et ça on ne l’a pas trouvé. », ajoute le Professeur Emmanuel Mukendi.
La dette a un caractère intergénérationnel
« Aujourd’hui avec 650 millions USD, on peut clamer très haut, mais c’est une charge même si le taux d’intérêt avoisine le 0%. La dette a un caractère intergénérationnel. Vous contracter aujourd’hui la dette, vous êtes heureux, car vous financez vos dépenses à vous, mais faudra-t-il que les dépenses que vous avez financées aujourd’hui, soient à même de pouvoir être bénéfiques à vous qui êtes de la génération d’aujourd’hui et aux générations futures qui vont payer. Malheureusement, dans le cadre de nos relations avec ces institutions-là, généralement les dettes ne font que s’alourdir, les dettes que nous subissons aujourd’hui datent des années soixante-dix et quatre-vingt. Aujourd’hui, tous les gouvernements se sont succédés et qui ont contracté ces dettes, ces gouvernements-là n’ont rien fait pour que la génération d’aujourd’hui puisse en bénéficier », éclaire encore le Professeur Emmanuel Mukendi.
Organiser le système de production nationale
Au regard de ce qui précède, Professeur Emmanuel Mukendi en appelle à une organisation du système de production nationale, en mettant en place des politiques de financement adéquat. « Je ne suis pas contre ces institutions ou leur manière de faire les choses, mais moi je m’insurge beaucoup plus sur les politiques internes, parce que le financement externe, c’est juste un appui comme je le dis, soit à la balance de paiement, soit au budget de l’Etat. Cela ne suffit pas pour pouvoir organiser le système de production nationale, il faut en plus, des politiques internes surtout particulièrement les politiques de financement. Il faut avoir un génie créateur d’un système de fonctionnement de notre industrie de financement de l’économie. Et là, je parle de système bancaire et du marché financier, qu’il faut organiser », souligne-t-il, avant d’ajouter : « si l’on doit recourir au financement extérieur, ça ne doit pas être par l’Etat, il faut organiser le système de production à l’interne, de sorte lorsque les opérateurs économiques résidents ont besoin de financement, qu’ils les obtiennent dans des conditions favorables et à des taux d’intérêt qui leur permettront de pouvoir investir et rembourser, ce qui n’est malheureusement pas le cas », a-t-il regretté.
Rappelons que, pour un paquet de 650 milliards de dollars USD, la RDC va bénéficier de 1,5 milliard de dollars dans trois tranches. Ce qui fait que le financement actuel est porté à 650 millions de dollars. L’Afrique du sud vient en première position avec 4,3 milliards, suivi du Nigeria avec 3,4 milliards et l’Egypte avec 2,8 milliards, ce qui classe la RDC à la quatrième position à l’échelle continentale.
congo-press.com (MCP) / Bisonews.cd