La loi de finances a été certes déposée à la chambre basse du Parlement. Et le timing a été respecté, conformément à la Constitution, qui stipule en son article 126, que » le gouvernement de la république doit déposer le projet de loi de finances au plus tard le 15 septembre de l’année d’avant l’exercice budgétaire « . Ce qui est une grande première dans l’histoire de la RDC.
En outre, des grandes innovations sont constatées dans cette loi de finances, mieux le budget 2022. Mais hélas, les institutions du pays se sont presque servies elles mêmes, au détriment des populations. Comme qui dirait, le pays est loin de matérialiser le vœu cher à celui qui fut reconnu comme le sphinx de Limete, en la personne de feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba, dont le combat était axé sur le bien-être de la population. D’où son fameux slogan de » le peuple d’abord « .
A l’avènement du président Félix-Antoine Tshisekedi au pouvoir, la population qui est venue nombreuse pour l’ovationner lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur Joseph Kabila, cette recommandation de » le peuple d’abord » n’a pas manqué au rendez-vous.
Même chose dans tous les prononcés par le président de la République, où la promesse de faire du social de la population une des priorités de l’action gouvernementale était mise en exergue.
Aujourd’hui hélas, les espoirs de la population sont loin d’être réalisés, surtout lorsque l’on constate comment le budget subit des changements certes, mais pas pour réaliser les intérêts de la population. Au contraire, ce sont plutôt les différentes institutions du pays qui se servent, en s’octroyant d’importants crédits. Tenez : à la présidence de la République par exemple, le budget passe de 159,8 à 254,7 millions de dollars américains (1.096 membres du cabinet du président seront rémunérés). A la primature, le budget passe à 49,1 millions de dollars américains contre 39,4 millions USD en 2021 et où 606 membres du cabinet seront payés.
A l’Assemblée nationale où les députés sont pourtant censés défendre le peuple afin de protéger leur lectorat, le budget passera à 203,6 millions de dollars américains contre 170,4 millions USD inscrits dans la loi de finances 2021. Pour cela, le salaire moyen d’un député est plafonné à l’équivalent de 10.265 dollars américains par mois ; tandis qu’au niveau de la chambre haute du Parlement, le budget passe de 63,3 millions dollars américains à 83,6 millions USD et où le salaire d’un sénateur sera de 13.090 USD par mois.
Au niveau du petit peuple, le salaire moyen d’un agent de santé sera fixé à 475 de dollars américains ; tandis qu’un enseignant va se contenter de l’équivalent de 118 dollars américains, avec les mêmes charges (scolarisation des enfants, frais de loyer, soins de santé, panier de la ménagère…) que les autres catégories des congolais ; tandis qu’au niveau de la Fonction Publique, un Agent de bureau de 1ère classe se contente de 90 USD/ mois (181.000 FC)., pourtant, licencié ou gradué comme la plupart des députés, sénateurs et autres agents travaillant à la présidence de la République ou à la primature.
En plus, dans le cadre du renforcement des mêmes institutions de la république, le gouvernement sollicite une allocation de 5.970.880.971 de FC, soit près de 2,9 millions de dollars américains au trésor public, pour la construction d’un nouveau palais présidentiel.
En plus, ce projet de loi de finances reprend l’inscription d’un montant total de 24 milliards de FC, l’équivalent de près de 11,6 millions USD, pour les dépenses d’investissement à la même présidence de la République au cours de l’exercice budgétaire de 2022.
Des discours démagogiques, promesses fallacieuses
Au regard de ce qui précède, l’on a le droit de dénoncer les discours démagogiques truffés des promesses fallacieuses, comme le démontrent les propos tenus par le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde, lors du dépôt du projet de la loi de finances à l’Assemblée nationale : » (…) Les priorités du projet de budget 2022 restent les mêmes que celles édictées dans le cadre du programme du gouvernement adopté au mois d’avril dernier à savoir la sécurité, le social de la population (…) « . Mais au vu des différents crédits ci-hauts mentionnés, nulle part on voit ce qui est comparable au social de la population, surtout lorsqu’on constate l’écart au niveau de salaire. Cela paraît comme si le petit peuple n’a pas de besoins à satisfaire par rapport aux élus du peuple et au personnel de la présidence et de la primature. Où est alors la place du petit peuple qui est souvent utilisé comme marchepied ? La question reste posée.
Pour rappel, le projet de budget 2022 est présenté en équilibre, en recettes et en dépenses, à hauteur de 20.682,6 milliards de FC (environ 10,3 milliards USD), soit un taux d’accroissement de 41,5% par rapport au budget de l’exercice 2021 chiffré à 14.620,5 milliards de FC.
J.W
congo-press.com/Bisonews