Une rentrée parlementaire pas comme les autres. C’est celle que l’Assemblée nationale a connue le 15 mars 2022 à l’ouverture de la Session ordinaire. Une rentrée exceptionnelle dans la mesure où elle a enregistré la présence de nombreux députés ayant signé leur retour politique.
C’est le cas de Jeanine Mabunda Lioko, ancienne présidente de l’Assemblée nationale, qui, depuis son éviction et de l’ensemble de son bureau, n’avait jamais foulé ses pieds à l’Hémicycle. L’élue de Bumba a ainsi saisi cette occasion pour signer non seulement sa présence mais reprendre sa place de député pour siéger.
Les autres présences très remarquées, ce sont celles de Willy Bakonga, ancien ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique -EPST- et de Martin Kabuya, ex-gouverneur du Kasaï Central. On croyait Bakonga en cavale après sa libération du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa -CPRK-, mais l’élu de la Tshuapa a signalé son retour à la Chambre basse du Parlement après avoir rallié l’Union sacrée.
Les députés Mabunda, Bakonga et Kabuya ont effectivement signé leur rentrée politique mardi 15 mars à l’occasion de l’ouverture de la Session de mars 2022. Confortablement assis aux côtés de leurs collègues, ils ont suivi avec attention le discours de circonstance prononcé par le speaker de la Chambre basse.
La Session ordinaire de mars 2022 aura des priorités axées sur l’examen des textes portant sur des sujets qui ont des effets réels sur la population, comme l’a si bien souligné le président Christophe Mboso. Dans son speech, le président de l’Assemblée nationale a bien reconnu que cette session s’ouvre dans un contexte politique, sécuritaire, social et environnemental particulier.
Sur le plan politique, Christophe Mboso a précisé: «le débat politique reste focalisé sur la Feuille de route du processus électoral 2021-2027, telle que publiée le 3 février 2022 par la Commission électorale nationale indépendante ainsi que les contraintes sécuritaires, financières et techniques y afférentes qui risquent de porter un coup au calendrier du prochain cycle électoral prévu en 2023. Sans doute, ce débat risque de s’inviter à l’Assemblée nationale où seront examinés au cours de cette session, d’une part, la proposition de loi modifiant et complétant la Loi électorale et, d’autre part, le rapport annuel de la CENI en application de l’article 28 de sa loi organique».
Face aux impératifs qui entourent la tenue d’un processus électoral crédible et apaisé, il a exhorté les institutions et autres structures au respect de l’autonomie administrative et financière que la loi organique confère à la CENI et de contribuer aux efforts tendant à lever tout obstacle sécuritaire et financier susceptible d’avoir un impact sur l’organisation du processus électoral.
En fait, aux nombres des matières prioritaires, le speaker de la Chambre basse a évoqué la loi électorale à réformer et les matières qui touchent sur des effets réels de la population. Il a également reconnu que les RD-Congolais attendent des députés un agenda législatif susceptible de lever les obstacles juridiques à la tenue des élections en 2023. «Nous examinerons avec diligence les textes ayant trait aux réformes électorales en vue d’offrir au pays des élections libres, inclusives transparentes et apaisées et de respecter le délai constitutionnel. Une des priorités est d’examiner et d’adopter la proposition de loi modifiant et complétant la Loi n°06/006 du 9 mars 2006 telle que modifiée par la loi n°11/003 du 26 juin 2011 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, communales et locales», a-t-il martelé.
Le président de l’Assemblée nationale a été réceptif quant aux critiques des députés et a promis de corriger sa méthode de travail. «De leur retour des vacances parlementaires, les honorables députés se sont montrés très critiques envers le bureau au sujet de leurs initiatives de contrôle parlementaire et souhaitent exercer pleinement leurs prérogatives en matière de contrôle de l’action de l’exécutif. Votre bureau vous a entendu chers collègues» a-t-il souligné.
Et de promettre: «il veillera à la programmation systématique, chaque mercredi, de vos initiatives de contrôle jugées recevables afin de vous permettre d’exercer vos prérogatives constitutionnelles. Loin d’être perçu comme un acharnement politique sur le gouvernement ou les gestionnaires du Portefeuille de l’Etat, le contrôle parlementaire est un exercice normal en toute démocratie. Il permet à ces derniers de rendre compte, devant les élus nationaux, de la gestion des affaires publiques et des entreprises et établissements publics dont ils ont la charge. En effet, les RD-Congolais apprécieront le travail de leurs élus non pas par le nombre élevé d’initiatives de contrôle, mais plutôt par des réponses correctives et concrètes qu’ils formuleront en termes d’amélioration de la gouvernance et du vécu quotidien des citoyens de suite de ces contrôles. C’est cela qui renforcera la confiance de nos compatriotes vis-à-vis de leurs représentants que nous sommes».
Ces propos témoignent à suffisance que l’avenir du président Mboso à la tête du bureau de l’Assemblée nationale semble être menacé. Surtout qu’il a reconnu la kyrielle de remarques que ne cessent de lui faire les élus nationaux.
Le contrôle parlementaire et la police des débats, ce sont les deux points de désaccord entre le speaker et certains députés opposés aux méthodes jugées antidémocratiques de Mboso. D’aucuns pensent que si le changement promis n’est pas au rendez-vous, l’élu de Kenge pourrait hypothéquer sa survie au perchoir. Ci-dessous, le discours du président de l’Assemblée nationale.
Tino Mabada
AfricaNews