« Je ne veux plus qu’on puisse voir sur le visage d’un fonctionnaire, un numéro matricule et un salaire qui va avec, mais plutôt un agent de développement qui peut aider l’État à reformer le pays, qui peut être une valeur ajoutée. L’idée, c’est de rendre notre administration performante et intègre », explique, sur Top congo fm, le ministre de la Fonction publique, Jean-Pierre Lihau.
« Nous ne pouvons pas relever ce défi avec des agents publics qui se réveillent tous les matins avec de la migraine parce qu’ils ont des salaires de misère et une situation administrative qui n’est pas bien gérée », relève-t-il pour justifier la hausse annoncée du salaire de base de tous les fonctionnaires et agents publics de l’État de l’ordre de 30% pour le 2ème trimestre et de plus ou moins 45% à partir du 3ème trimestre 2022.
« Une option, du reste, levée depuis l’année passée dans le cadre des travaux de la commission paritaire gouvernement et intersyndicale de l’administration publique (INAP) », fait-il savoir.
Exit ministres, personnels politiques et parlementaires
Et de souligner: « cette augmentation ne concerne que les fonctionnaires et agents de carrière des services publics de l’État. Les autres ne sont pas du tout concernés par le protocole d’accord signé par le gouvernement et l’INAP ».
Il assure que « même le rabattement fiscal de l’IPR (impôt professionnel sur les revenus) de 15 à 3% ne concerne pas les personnels des cabinets ni les membres du gouvernement moins encore es parlementaires ».
À la question de savoir si le gouvernement pourra effectivement financer cette hausse, Jean-Pierre Lihau commence par reconnaître que « l’enveloppe salariale coûte énormément chère au gouvernement. C’est plus de la moitié du budget national ».
Rationaliser
La recette dans ce cas est vite trouvée. Il faut rationaliser.
« Pour cela, nous avons, il y a quelques mois, lancé l’opération d’assainissement du fichier du personnel de l’administration publique et de revenir vers la rationalité dans le recrutement », confie-t-il.
Ainsi, « j’ai pratiquement fermé le robinet en ce qui concerne le recrutement. On ne recrute plus comme d’antan où on attribuait le numéro matricule à qui le voulait », affirme le ministre.
10% de fictifs
Et ce travail a produit des résultats, « aujourd’hui, les agents publics de l’État, qui sont dans une situation d’irrégularité avérée, se chiffrent à peu près 112 000 sur un effectif estimé à plus ou moins 1,5 million personnes », soit 10% annonce-t-il.
« C’est pour cela que nous avons suspendu, jusque-là, le paiement des salaires de ceux qui sont dans une situation d’irrégularité. Ils ont la possibilité d’introduire des recours, lesquels sont en train d’être examinés. Je réhabilite ceux qui arrivent à démontrer qu’ils sont dans le vrai et ceux qui sont dans le faux sont radiés définitivement du système », note-t-il.
« L’idée, c’est d’écarter ceux qui n’ont pas qualité, rationaliser le recrutement et d’essayer d’accéder le processus de la retraite qui crée le phénomène des doublons », analyse le ministre.
« Et donc, il faut essayer, en même temps que nous allons accélérer le processus d’assainissement, essayer de fluidifier les départs à la retraite. C’est là le secret pour rajeunir qualitativement et diminuer significativement le nombre de fonctionnaires », pointe-t-il.
Et de lancer avec espoir : « nous souhaitons, d’ici la fin de l’année, faire chuter l’enveloppe salariale qui englouti plus ou moins 50% du budget national à plus ou moins 30 à 35%. ».
Eric Lukoki
Top Congo Fm