Pour son truisme verbal aux allures incendiaires, le journaliste Pero Luwara du média en ligne CPLTV, est traqué de tous côtés. Regard fixe et perçant devant la caméra, « l’indélicat tribun » comme le qualifient ses critiques, a difficile à soupeser ses mots.
Faut-il pour autant le pendre ?, Non. « Nous sommes dans un état de droit comme le prône d’ailleurs le chef de l’État », tranche un activiste des droits de l’homme qui appelle à la retenue, préférant laisser la justice s’assumer.
La justice déjà en action
D’abord une plainte à sa charge adressée au président de l’UNPC (Union nationale de la presse du Congo) par Monsieur Kankonda Jean-Baptiste domicilié au numéro 4, avenue République, quartier Maccampagne, dans la commune de Ngaliema. La plainte se réfère à une vidéo de Pero Luwara tenant, dit-elle « des propos outrageants et diffamatoires à l’endroit du chef de l’État et de M. Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS ». Un autre document signé le 19 avril 2022 celui-là qui est aussi en circulation sur les réseaux sociaux émanerait du parquet général sous le sceau d’un mandat d’amener à charge du journaliste Pero Luwara. Pendant ce temps, la toile pro et anti-pouvoir s’enflamme avec notamment des appels à l’arrestation immédiate ou pas du même chroniqueur.
Des réactions s’enchaînent autour de cette nouvelle affaire. Si les politiciens congolais n’ont pas encore donné de la voix, le porte-parole du gouvernement, le jeune et brillant ministre Patrick Muyaya Katembwe, un ancien journaliste a condamné, quant à lui, des propos outrageants sur la personne du chef de l’État.
A l’occasion de la journée internationale sur la liberté de la presse, l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique, dans une tribune médiatique mardi 03 mai 2022, a donné de la voix : « Les États-Unis condamnent les menaces, le harcèlement et la violence ciblant les journalistes et les travailleurs des médias. Pour protéger les journalistes, le gouvernement de la RDC doit aussi réviser la Loi sur la liberté de la presse de 1996 afin de dépénaliser les délits de presse, y compris la diffamation ». Fin de citation.
Le tribunal des pairs entre en action
En première ligne, François Kabulo Mwana Kabulo, président du tribunal des pairs de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) a convoqué le journaliste Pero Luwara, conformément à l’article 38 du règlement intérieur de l’Union. Il est attendu ce jeudi 5 mai 2022 à 10 heures au siège national de la corporation professionnelle. Pero Luwara est prié de se munir de ses moyens de défense, sans quoi, il s’expose à de fortes sanctions disciplinaires.
Un ancien président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la Communication (CSAC) réagissant sur une plateforme en ligne a estimé que « peu importe les débordements et excès de langage et il y en a beaucoup ces derniers temps, il faudrait s’habituer à laisser les organes de régulation des médias s’occuper de ces cas et non la Justice ». Car, soutient-il, les pénalités infligées aux journalistes, une fois consommées, rendent ces derniers des « héros » capables de se refaire une santé politique à l’avenir ». Cas de plusieurs anciens journalistes sous le régime passé qui se sont fait élire députés au niveau national et provincial. Mais lorsqu’il est sanctionné par la régulation des médias ou l’autorégulation, il peut écoper jusqu’à l’interdiction d’exercer le métier de journaliste.
OURAGAN