Il peut soupirer. L’ex-PM, Matata Ponyo aura livré la bataille de sa vie pour obtenir le fameux sésame lui permettant de quitter le pays.
Loin de sortir du gouffre judiciaire, l’homme à la cravate rouge sait qu’à son retour au pays, la procédure va reprendre. A Londres où il a mobilisé ses réseaux protecteurs, puis à New York, son parrain, Antonio Guterres va lui dérouler un petit tapis rouge. Le chef de l’ONU a pesé de tout son poids pour sortir son poulain du traquenard. Jusqu’où ira Guterres pour faire de Matata un homme totalement libre.
Difficile de le dire. Le désormais candidat président a toujours les pieds bouillis dans le dossier Bukanga-Lonzo, lequel le tient au cou. Même s’il crie à l’acharnement, il devra, pour son honneur, justifier les millions de dollars engloutis dans un projet bidon dénommé « Bukanga Lonzo », explique un juriste au parfum du dossier.
De retour de Conakry, l’homme à la cravate rouge, conseiller privilégié de l’ancien dictateur Alpha Condé, s’était bombé le torse arguant qu’il était prêt à défier la justice. Mais depuis que l’étau se resserre autour de lui, le sénateur du Maniema a retropédalé. Il évite d’affronter la justice multipliant des prétextes fallacieux.
Tantôt, il feint d’être malade, tantôt, il brandit sa qualité d’ancien Premier ministre, pour se soustraire des poursuites judiciaires. Bref, lui qui cherchait à laver son honneur à travers la justice, a décidé de se mettre dans un bunker à la soviétique pour éviter de se faire happer. Pensant s’assurer une meilleure protection, il s’est déclaré candidat président le jour même de la sortie officielle de son parti – LGD. Une première dans le microcosme politique congolais.
Que craint Matata, l’homme, qui se targue de la gestion irréprochable
Matata a peur de faire la prison. Même s’il s’échappe aujourd’hui à une condamnation judiciaire, mais au moins sa dignité aura été entachée. De passage à l’hôtel du gouvernement, le successeur de Muzito a laissé des cadavres dans les placards. Le rapport de l’Inspection générale des finances sur le dossier de Bukanga-Lonzo détaille le fiasco. Matata a dilapidé des millions de dollars sans justifier toutes les dépenses.
Pourtant, ses ministres sectoriels de l’époque ont donné une version contraire à la sienne, démontrant toute la gabegie. Heureusement, l’ancien chef du gouvernement s’abrite derrière une loi qui peut protéger les plus forts comme lui avec tous ses lobbistes mais qui punit malheureusement les plus faibles. Le voilà même chez Fayulu pour tisser un deal politique. Il bourlingue, toque partout pour éviter de faire le niouf. Mais, l’épisode judiciaire sur Bukanga-Lonzo a brûlé ses plumes.
L’économiste qui se croyait le saint des saints, ne l’est plus aujourd’hui. Les Congolais vont l’écouter deux fois lorsqu’il organise ses conférences économiques. En attendant, la justice se prépare, malgré les pressions extérieures, à relancer la procédure. Question de bien ficeler le dossier avant de le reconvoquer après son périple sud-américain.
OURAGAN