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Vérité des urnes, l’Église catholique déploie son atout majeur

L’épiscopat congolais brandit déjà l’article 64 de la Constitution pour accroître la pression sur le pouvoir et la CENI afin d’exiger des élections réellement transparentes et indépendantes. À la clôture du troisième Congrès eucharistique tenu à Lubumbashi, l’Église catholique a appelé la population à ne pas quitter les bureaux le jour du vote. Une manière claire de dire au peuple « ne vous laissez pas voler cette fois-ci votre victoire ».

L’inquiétude de la CENCO face à la menace de fraude électorale

La CENCO durcit le ton. Elle redoute la violence si le processus électoral en cours n’offre aucune garantie de transparence. Des soupçons de fraude et de tricherie poussent les évêques catholiques à développer des mécanismes de surveillance et de contrôle citoyen. Parmi les recommandations qui ont sanctionné les travaux, il a été demandé à la population de ne pas oser quitter les bureaux de vote avant l’affichage des résultats. Il s’agit de prévenir les magouilles qui se font généralement à la clôture des opérations de vote. Pour une figure tutélaire des laïcs catholiques, les électeurs doivent filmer ou photographier les résultats partout où ils se trouvent de sorte que toutes les parties prenantes aussi bien que la commission électorale auront les vrais résultats le soir même du vote. « Compte tenu des expériences malheureuses des cycles passés, ne quittons pas les bureaux de vote tant qu’on n’aura pas affiché les résultats. Avec l’affichage des résultats au niveau des bureaux de vote, nous aurons déjà une idée claire des gagnants. La CENI n’aura d’autres choix que de les confirmer. Au cas contraire, ce serait une haute trahison et n’attendons pas une autre instance pour nous remettre dans nos droits », a averti Mgr Donatien Nshole, le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo.

La position des évêques face au régime Tshisekedi

La position des évêques a irrité le régime Tshisekedi qui y voit une ingérence dangereuse dans les attributions de la CENI. Un cadre de l’Union sacrée a prévenu que cette dérive risque d’entraîner le pays dans un engrenage de violence. Mais au niveau de l’Église, Mgr Donatien Nshole assure que le peuple congolais a l’obligation civique de contrer la tricherie pour autant que les dirigeants qu’il aura votés soient ceux que la commission électorale va réellement proclamer. D’après les évêques, « cadre de concertation, l’absence d’une contre-expertise crédible par un organisme international spécialisé pour auditer le fichier électoral et le refus par la CENI de répondre favorablement à ces deux pertinentes demandes prouvent à suffisance que le processus électoral est mal engagé ». Et pour cela, l’Église se prépare à mobiliser un grand nombre d’observateurs sur l’ensemble du pays.

La CENCO pour des dirigeants dignes

Le secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo a rappelé que « les élections nous donnent le pouvoir de renouveler la confiance aux animateurs des institutions qui ont bien servi le pays, mais aussi de sanctionner tous ceux qui ont mal géré en servant leurs propres intérêts ». Face aux candidats, Nshole a exhorté les Congolais à privilégier les critères objectifs de compétence et de probité morale. « Prenons donc conscience », a-t-il insisté, de notre responsabilité en tant que souverain primaire en disant : « non aux opportunistes qui changent de camps à la recherche des intérêts personnels, non à ceux qui prennent comme suppléants les membres de leurs familles, non à ceux qui postulent à tous les niveaux, non aux tribalistes et aux népotistes, non à l’achat de consciences ».

L’article 64 évoqué par l’Église catholique

L’Église catholique éveille la conscience des Congolais qui s’étaient fait rouler dans la farine lors de la présidentielle de 2018. Forte de cette expérience malheureuse, elle rappelle au peuple le pouvoir que lui confère la Constitution à travers l’article 64 pour exiger la vérité des urnes en cas de tripatouillage des résultats. « L’acte que nous allons poser le jour des scrutins est décisif pour l’avenir de notre pays. Nous avons le pouvoir constitutionnel (cf. Article 64) nous permettant d’imposer pacifiquement la vérité des urnes ».

Une première pour l’Église catholique

Une première pour l’Église catholique qui donne déjà une indication six mois avant les scrutins. Un avertissement qui met le bureau Kadima devant ses responsabilités face à toute tentative de favoriser les candidats du pouvoir à tous les niveaux. Bien avant l’épiscopat, le candidat Martin Fayulu avait déjà appelé le peuple à se tenir prêt et recourir à l’article 64 de la Constitution si jamais la CENI s’aventurait à truquer les résultats de vote.

En réaction aux critiques acerbes des partisans du pouvoir sur le penchant de l’Église catholique pour l’opposition, Mgr Donatien Nshole a assuré que la CENCO n’a aucun parti pris. « La CENCO ne roule pas pour le pouvoir ni encore moins pour l’opposition. La CENCO a toujours défendu des valeurs. La CENCO est convaincue, comme les évêques l’ont dit encore cette fois-ci, que la stabilité de notre pays et le bien-être de la population passent notamment par des élections crédibles, transparentes et apaisées. C’est le bien de la population, c’est la stabilité de la population qui est la préoccupation des évêques, qui fait qu’ils rappellent les valeurs que tout le monde doit suivre pour y arriver », a-t-il expliqué.

Cependant, le numéro deux de la CENCO constate que « quand on est dans l’opposition, on est chantre de la démocratie. Mais quand on passe de l’autre côté, on commence à faire les choses que l’on a critiquées hier ». Pour le prélat, « la CENCO, elle, reste constante ».

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