En cette conjoncture où les cercles décisionnels se rassemblent pour délibérer sur le futur de l’état de siège, qui s’est étendu tel un voile pesant sur l’est de notre nation pendant une période excédant deux années, il est impératif que les intervenants s’affranchissent de tout penchant partisan. Ils sont appelés à embrasser la rationalité et à préconiser la cessation de cette mesure d’exception. Les remarques émanant de DELLY SESANGA, aspirant à la magistrature suprême lors des élections présidentielles de 2023, ne peuvent être prises à la légère.
Loin de l’effervescence politique qui a teinté la genèse de l’état de siège, l’heure est venue d’insuffler une perspective plus pragmatique à la situation. Les répercussions palpables, tant au niveau local que sur l’échiquier international, ont maintes fois mis en lumière la complexité et les dilemmes que soulève ce dispositif. Les conséquences, souvent imprévues, ont nourri un climat d’incertitude et de polarisation au sein de la population. Les exigences de sécurité ont dû être soigneusement équilibrées avec les droits et les aspirations des citoyens qui aspirent à un retour à la normalité.
Dans ce contexte, le plaidoyer de M. SESANGA ne peut être relégué au second plan. Sa position s’appuie sur une évaluation minutieuse des effets de l’état de siège, des préoccupations populaires et des possibilités de réconciliation. Il exhorte à un consensus transcendant les lignes partisanes, mettant en avant la nécessité de se tourner vers l’avenir avec une vision partagée.
Cependant, les décisions de cette envergure ne peuvent être prises à la hâte. L’ampleur de la transition requiert une gestion délibérée, prenant en compte les réponses aux défis sécuritaires tout en lançant les bases d’une normalisation progressive. Les experts en sécurité, les chercheurs en sciences politiques et les représentants de la société civile devraient tous contribuer à une évaluation objective des avantages et des inconvénients de la poursuite ou de l’abolition de l’état de siège.
La question débattue transcende le clivage partisan, ce qui souligne la nécessité d’une approche holistique. Les conséquences de la fin de l’état de siège doivent être appréhendées dans leur intégralité : sur les plans sécuritaire, social, économique et politique. Une transition en douceur exige une stratégie concertée qui assure la protection des acquis sécuritaires tout en ouvrant la voie à la normalisation démocratique.
En conclusion, la proposition de mettre un terme à l’état de siège émane d’un appel à la rationalité et à la réconciliation. La table ronde en cours doit peser minutieusement les avantages et les inconvénients, en transcendant les affiliations partisanes pour embrasser une vision commune de l’avenir. Le chemin à parcourir est parsemé de défis, mais il s’agit d’une étape cruciale vers la restauration d’une dynamique nationale équilibrée et durable.
COMMUNIQUE
LA FIN DE L’ÉTAT DE SIÈGE: LE REPENTIR TARDIF D’UNE DÉCISION HASARDEUSE
A l’heure où se tient une table ronde sur l’avenir à donner à l’état de siège qui prévaut depuis plus de deux ans à l’est de notre pays, j’exhorte les participants à faire abstraction de toute logique partisane et à faire le choix de la raison en recommandant la fin de ce dispositif.
Cet état d’exception, devenu permanent par la seule décision du pouvoir actuel ne sert qu’à masquer ses errements stratégiques et diplomatiques ainsi que le recul de notre souveraineté dans la région. Souveraineté populaire d’une part car l’état de siège met à bas les libertés civiques fondamentales et en particulier le fonctionnement de la justice civile et la libre expression politique. Souveraineté nationale d’autre part car, loin de faire preuve d’efficacité, l’état de siège s’est plutôt enlisé, tentant de camoufler l’impuissance, devenue la marque de fabrique du pouvoir, la dégradation de la situation militaire et sécuritaire et la dilution de notre unité nationale.
Chaque jour des Congolaises et des congolais de l’Ituri et du Nord Kivu subissent dans leurs chairs les conséquences de ce choix désastreux et hasardeux, pris sans planification juste à des fins de communication. C’est inacceptable! Et c’est pourquoi, je m’y suis toujours opposé dès l’annonce de cette décision, qui procédait davantage d’un manque de vision servant de mesure bouche trou au vide politique du régime face à la question sécuritaire de l’Est. Dans le ravalement institutionnel où le régime s’est installe, la majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat, a ensuite sa couvert cette situation en renouvelant mécaniquement et sans débat l’état de siège. Mieux, les chambres ont consenti à se dépouiller de tous les pouvoirs leur dévolus par la Constitution à l’Assemblée en la matière, laissant le Président de la République et son gouvernement, seuls maitres à bord. A l’heure du bilan de cette échappée solitaire entêtée, la table ronde n’est qu’un exutoire, une porte de sortie dérobée pour un pouvoir incapable d’assumer ses décisions et l’absence des résultats!
Le pouvoir explique que l’état de siège vise à renforcer la sécurité de la population. Mais au-delà de l’absence de résultats tangibles, voire de l’aggravation de la situation, j’invite chacun à méditer cette leçon de l’histoire : tout peuple qui est prêt à sacrifier un pan de sa liberté pour plus de sécurité ne mérite pas la première et finira par perdre la seconde. D’autres stratégies sont possibles. Nous les avons défendues et continuerons à le faire dans notre programme de Refondation du Congo.
Mes chers compatriotes, cette situation n’est pas inéluctable mais requiert plutôt l’engagement et la mobilisation de tous pour qu’enfin le changement attendu arrive et que notre pays retrouve sa grandeur et sa souveraineté. Ce chemin implique travail, abnégation, discipline et sacrifice. Ni les marches de soutien, ni les prières, ni les incantations des votes mécaniques parlementaires ou les connivences des tables rondes ne suffiront. Il nous faut un sursaut national qui nous élève au niveau de ce que ce devoir de défendre la Nation exige! Notre histoire n’est pas écrite d’avance et nous avons le pouvoir de l’infléchir