Le parlementaire Alfred Maisha Bishobibiri, représentant national de l’UNC et élu de la ville de Bukavu, située au cœur de la province du Sud-Kivu, vient de porter un coup retentissant en interpellant de manière formelle trois membres éminents du gouvernement Sama Lukonde. Dans une missive qui revêt la forme d’une question écrite d’une importance capitale, il sollicite l’attention d’Adèle Kayinda en charge du portefeuille, d’Antoinette N’samba, responsable des mines, et de Nicolas Kazadi, ministre des finances, pour disséquer en profondeur la récente entente de coentreprise qui touche à l’exploitation des ressources minérales dans les régions stratégiques du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et du Maniema.
C’est la société émiratie Primera, jouissant de privilèges internationaux, qui s’accapare le rôle de bénéficiaire dans cet accord d’une portée cruciale. La quintessence de cette alliance repose sur la création en tandem de deux entités distinctes, dénommées Primera RDC, portant les noms évocateurs de Primera Gold et Primera Meltas. Les domaines d’application sont spécifiques : le premier dédié à l’or, tandis que le second prend en charge les trois composantes majeures de l’industrie minière, à savoir l’étain, le tantale et le tungstène, communément appelés les trois T.
Au cœur de cette investigation menée avec une rigueur implacable, le député national pointe du doigt ce qu’il qualifie de vaste complot ourdi dans l’ombre. En effet, au moment de l’établissement de ces entités, il est révélé que chaque incarnation de Primera n’apporte qu’une contribution relativement modeste, soit 20 000 dollars américains. Plus en détail, 9 000 dollars sont issus du trésor public, tandis que 11 000 dollars proviennent directement de Primera. Cette asymétrie financière fait naître des questionnements légitimes sur la réelle intention qui sous-tend ce montage.
La situation est d’autant plus épineuse que Primera s’est vue octroyer un monopole d’une durée impressionnante de 25 ans pour l’exploitation des ressources minérales dans l’étendue de ces provinces stratégiques. En contrepartie, la République démocratique du Congo s’engage à pousser la Société Sakima à parapher un accord de commercialisation de ces ressources avec Primera, et ce, pour la même période de temps. De plus, un régime fiscal avantageux a été entériné en faveur de cette société, assorti d’une série d’exonérations aux contours flous.
Une observation minutieuse du contrat révèle que lors de l’exportation du coltan, Primera s’acquittera d’une redevance fixée à 3,5% de la valeur totale des marchandises en transit. Une dissemblance frappante surgit ici, car les entreprises congolaises détenant des droits nationaux sont soumises à un taux de 12%. Face à ces chiffres édifiants, Alfred Maisha Bishobibiri souligne avec conviction que chaque mois, la République démocratique du Congo laisse filer plus de 500 millions de dollars américains à travers les frontières de ces trois provinces.
Le député national, animé par une détermination sans faille, dresse un réquisitoire implacable contre ce qu’il considère être une spoliation avérée des richesses minérales du pays. Ses accusations sont frontales à l’égard des membres du gouvernement impliqués, les accusant d’avoir transgressé le cadre réglementaire édicté pour ce secteur crucial. Il met en lumière que le régime conventionnel a été totalement abrogé par le nouveau Code minier, qui insiste sur l’équité de traitement pour toutes les entreprises opérant sur le sol congolais.
Au cœur de ce contentieux complexe, la question du rapport de force penche en faveur de Primera aux dépens de l’État congolais. Cette réalité suscite l’ire de l’élu du Sud-Kivu, pour qui seule l’annulation pure et simple de cette convention saurait rétablir l’équilibre et permettre à l’État de recouvrer les droits qui lui sont inhérents.