Goma, République Démocratique du Congo – Les avocats représentant les parties civiles impliquées dans le dossier des massacres de Goma (RP 173/023) expriment leur profonde consternation face à la violence inutile qui a coûté la vie à de nombreuses personnes lors des récents événements tragiques dans la région.
Le 30 août 2023, les fidèles de la Confession Religieuse « La Foi Naturelle Judaïsme Messianique Vers les Nations » se sont rassemblés pour une manifestation pacifique visant à exprimer leur demande de retrait de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) de la région. Cette manifestation, conformément à leurs statuts, était un appel à l’indépendance totale du pays.
Malheureusement, cette manifestation pacifique a été brutalement réprimée par des membres de l’armée de la République Démocratique du Congo. Leurs actions ont entraîné des pertes humaines tragiques, avec un nombre de décès en constante augmentation, atteignant aujourd’hui la septantaine.
Le groupe religieux, reconnu et autorisé par les autorités publiques, a vu son temple et sa station de radio, UWEZO wa NENO, pris d’assaut par des hommes armés aux premières heures du jour. Des journalistes et des administratifs ont perdu la vie, et la station de radio a été complètement pillée.
Le temple de la confession religieuse n’a pas été épargné non plus, subissant une attaque violente de l’armée, qui a causé la mort de 43 personnes et blessé 33 autres, selon les autorités militaires. De plus, de nombreuses victimes sont décédées des suites de leurs blessures dans les hôpitaux locaux.
Le nombre exact de victimes est difficile à établir, car certaines personnes sont portées disparues ou ont été emportées sans laisser de trace. Les familles des victimes ont été confrontées à des difficultés supplémentaires, car elles n’ont pas pu identifier ou enterrer leurs proches immédiatement en raison de l’ouverture d’enquêtes judiciaires pour déterminer les responsabilités dans cette tragédie. Finalement, lorsqu’elles ont été autorisées à identifier les corps à la morgue de l’hôpital militaire de Katindo, elles ont été choquées par leur état avancé de décomposition, plus de deux semaines après les événements.
Le 15 septembre, la Cour Militaire a enfin ordonné le rapatriement des corps et a autorisé des funérailles dignes pour ces citoyens congolais. Cependant, le 18 septembre, les familles des victimes ont été choquées d’apprendre par le biais des réseaux sociaux que le Gouvernement Provincial envisageait d’organiser les funérailles dès le lendemain, le 19 septembre, sans consulter préalablement les familles endeuillées.
Face à cette situation, le collectif des avocats des parties civiles demande instamment au Gouvernement Provincial et Central de prendre en compte les droits et la dignité des victimes et de leurs familles. Ils appellent à reporter les funérailles prévues sans consultation préalable, à permettre aux 142 adeptes actuellement en détention de reconnaître leurs proches parmi les corps mal conservés à la morgue du camp Katindo (sachant qu’ils étaient présents à la veillée de prière en famille), à organiser une réunion d’harmonisation avec les familles identifiables afin de décider collectivement des modalités des funérailles, et à respecter les traditions religieuses de ces familles dans le processus funéraire.
En outre, le collectif des avocats rappelle que la Confession Religieuse « La Foi Naturelle Judaïsme Messianique Vers les Nations » est en conformité avec la loi régissant les associations sans but lucratif en RDC et devrait être traitée avec le respect qui lui est dû.
Ces tragédies ne doivent pas être oubliées, et il est impératif que la justice soit rendue pour les victimes et leurs familles. La nation congolaise attend des réponses et une action décisive pour que de tels événements ne se reproduisent plus.