Par Manassé Kitemoko, Journaliste Bisonews.cd
Kinshasa, le 11 septembre 2023 – Le Code pénal congolais a été récemment amendé pour sanctionner sévèrement le lévirat et le sororat forcés, marquant ainsi une avancée significative dans la protection des droits des femmes en République Démocratique du Congo (RDC). Cette modification juridique suscite des réactions diverses au sein de la société congolaise, avec des opinions partagées quant à son impact sur l’égalité des genres et la préservation des coutumes ancestrales.
Une Modification Loin de Faire l’Unanimité
L’amendement du Code pénal congolais a été accueilli avec des réactions contrastées parmi les habitants de Kinshasa. Certains voient en cette mesure une avancée nécessaire pour garantir la dignité et les droits des femmes, tandis que d’autres estiment que le moment n’est pas encore venu pour de telles réformes.
Raphaël Wonya, étudiant en droit à l’Université de Kinshasa, exprime son désaccord avec la première partie de l’amendement, qui concerne l’égalité des genres. Selon lui, « l’homme est responsable de la femme, et même la Bible le reconnaît. Humainement parlant, c’est impossible d’égaler la femme à l’homme, qui est son orientant naturel. » Cependant, il admet que le deuxième volet du texte, qui encourage l’application de la coutume tout en respectant la liberté humaine, est justifié.
Adolphe Mafuata, assistant au département de gestion des entreprises de l’Université de Kinshasa, soutient cette mesure et appelle à sa mise en œuvre effective pour garantir les droits des femmes. Selon lui, cette pénalisation renforce la protection des femmes, qui étaient particulièrement vulnérables dans ces situations.
Patient Kabengele, étudiant à l’Université Panafricaine du Congo (UPC), estime que le moment n’est pas encore venu pour de telles modifications du code pénal. Il préconise plutôt une éducation visant à sensibiliser les femmes congolaises à leurs droits pour qu’elles puissent jouir pleinement de leur liberté et de leur dignité.
La Préservation des Bonnes Mœurs et du Consentement
Liévin Bilumbu, cadre au Collège des Hautes Études de Stratégie et de Défense, soutient l’interdiction du lévirat et du sororat forcés. Selon lui, ces pratiques étaient contraires aux bonnes mœurs et au principe du consentement mutuel qui devrait régir le mariage. Il souligne que le remplaçant ou la remplaçante, souvent contraint(e) selon un certain compromis, ne peut pas nécessairement remplir le rôle d’un conjoint aimant.
Une Mesure pour Mettre Fin à ces Pratiques
Pour éradiquer ces pratiques néfastes, le législateur a inséré dans le Code pénal l’article 174, les alinéas R, S et T, qui imposent des sanctions sévères en cas de lévirat et de sororat forcés en RDC. Cette mesure vise à mettre un terme à ces pratiques préjudiciables à la dignité et aux droits des femmes congolaises.
En fin de compte, l’amendement du Code pénal congolais est une étape importante vers la protection des droits des femmes en RDC. Cependant, il suscite un débat animé au sein de la société congolaise, mettant en lumière les défis complexes auxquels le pays est confronté dans sa quête pour l’égalité des genres tout en préservant ses traditions culturelles.