Par Manasse Kitemoko, Journaliste Bisonews.cd
MASISI, Nord-Kivu – Une tragédie indescriptible a frappé le village de Kyangitsi, situé dans le groupement Nyamaboko 2, secteur de Katoyi, territoire de Masisi, le soir du vendredi 6 octobre. L’explosion d’une bombe a coûté la vie à au moins 15 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, laissant également deux blessés dans son sillage. Ce drame a non seulement ébranlé la communauté locale mais a également mis en évidence la menace persistante posée par les engins de guerre abandonnés.
Selon les informations recueillies sur place, l’engin explosif meurtrier avait été découvert, fortuitement, par les enfants d’une famille propriétaire d’un palmier à huile local. Ignorant sa dangerosité, ils ont rapporté l’engin à leur domicile. Vers 20 heures locales, alors que certains habitants tentaient de déterminer la nature de cet objet, la bombe a explosé de manière dévastatrice, provoquant la perte de 15 vies innocentes, en plus de blesser grièvement deux personnes et de causer d’importants dommages matériels.
Témoignant des événements tragiques, Telesphore Mitondeke, rapporteur de la société civile de Masisi, a déclaré : « Cet engin de guerre abandonné a été retrouvé sans exploser sur un palmier à huile dans le même village. Ce sont les enfants de la famille propriétaire du palmier à huile qui l’ont découvert. Ils ont apporté l’engin explosif à domicile. Vers 20 heures locales, pendant que certains habitants cherchaient à savoir de quoi il s’agissait, la bombe a explosé, causant au total 15 morts et 2 blessés, ainsi que d’importants dégâts matériels. »
Les deux blessés ont été rapidement pris en charge au Centre de santé de Mahya, mais leur état nécessite une évacuation urgente vers des installations médicales plus spécialisées.
Ce drame survenu à Kyangitsi intervient dans un contexte de deux semaines marquées par des hostilités entre des groupes armés locaux, se disputant le contrôle de plusieurs villages pour collecter des taxes et imposer leur autorité.
« La zone étant parsemée de nombreux engins explosifs abandonnés et piégés par les belligérants, une opération systématique de déminage s’avère capitale avant d’envisager un quelconque retour des déplacés dans les zones aujourd’hui touchées par les hostilités. Il faudrait également apporter une assistance aux familles victimes de cette explosion », a ajouté Telesphore Mitondeke, acteur de la structure citoyenne locale.
Ce tragique événement survient quelques jours seulement après le déclenchement de la guerre du M23, soutenue par le Rwanda selon le gouvernement congolais et les experts de l’ONU. Dans ce contexte, les organisations non gouvernementales en charge des questions des mines antipersonnelles ont appelé la population à la vigilance. La synergie de lutte antimines (SYLAM) fait partie de ces organisations qui ont sans relâche exhorté la population à ne pas toucher ces engins de guerre, souvent similaires à des objets couramment utilisés dans les ménages.
« Il a toujours été conseillé à la population, qu’en cas de découverte d’un engin de ce genre, de ne pas le toucher mais plutôt d’alerter les autorités locales et les services de lutte antimines. Ces engins ressemblent à des avocats, des ananas, des mortiers, des cuvettes et autres objets courants dans les ménages », a rappelé Marrio Ngavho, coordonnateur de la synergie de lutte antimines (SYLAM).
Ce triste événement n’est malheureusement pas isolé, car plusieurs personnes, y compris des enfants et des adultes, ont déjà été victimes de l’explosion d’engins de guerre abandonnés dans les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo.
En conclusion, cette tragédie à Kyangitsi met en évidence la nécessité pressante d’une action concertée pour éliminer la menace persistante des engins de guerre abandonnés dans cette région troublée du Nord-Kivu. La sécurité des populations locales et la prévention de futures catastrophes doivent être des priorités absolues.