Par Manasse Kosi, Journaliste Bisonews.cd
Kinshasa, le 11 octobre 2023 – Une affaire qui a suscité de vives réactions et inquiétudes dans le monde des médias internationaux a atteint un tournant décisif aujourd’hui au tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe. Stanis Bujakera, directeur de publication adjoint d’Actualite.cd et correspondant de Jeune Afrique et Reuters, a été traduit en justice, suscitant un débat sur la liberté de la presse et la responsabilité journalistique.
L’arrestation de Bujakera le 8 septembre 2023, alors qu’il se rendait à Lubumbashi, est liée à un article paru dans Jeune Afrique, qu’il n’a pas signé mais qui a provoqué une vive controverse. Cet article portait sur une note attribuée à l’Agence Nationale de Renseignements (ANR), alléguant que les renseignements militaires avaient assassiné Cherubin Okende, ancien ministre des transports et porte-parole du parti de l’opposant Moïse Katumbi, retrouvé mort dans sa voiture. Trois mois après cette tragédie, la famille d’Okende continue de réclamer des réponses et le droit d’enterrer son être cher.
Le procureur a accusé Stanis Bujakera d’être le premier à avoir diffusé cette note, la qualifiant de fausse. Les avocats de Bujakera, lors d’une conférence de presse le 6 octobre 2023, ont vigoureusement réfuté cette allégation, affirmant que leur client avait reçu le document d’un compte Telegram anonyme, @mg. Le collectif d’avocats a également souligné l’incapacité de retrouver les identifiants complets de ce compte Telegram, ce qui a conduit le Parquet à affirmer que Bujakera avait lui-même fabriqué et diffusé le document à d’autres journalistes.
Les quatre chefs d’accusation retenus contre Stanis Bujakera sont les suivants : « faux en écriture, falsification des sceaux de l’État », « propagation de faux bruits« , « transmission de messages erronés et contraires à la loi« . Cependant, il convient de noter que ces allégations font l’objet d’une enquête et d’un débat judiciaire en cours.
Depuis l’arrestation de Bujakera, de nombreuses personnalités et organisations ont demandé sa libération immédiate et sans conditions. Reporters sans frontières a porté l’affaire devant le groupe de contacts de l’ONU sur les détentions arbitraires, et Amnesty International a mobilisé ses 10 millions de membres à travers le monde pour demander la libération du journaliste.
Cette affaire soulève des questions fondamentales sur la liberté de la presse et la responsabilité des journalistes dans la diffusion d’informations sensibles. Alors que le procès de Stanis Bujakera suit son cours, il est essentiel de préserver le droit à l’information tout en garantissant une enquête juste et équitable.