Kinshasa, RD Congo — Deux figures de proue, Martin Fayulu et Denis Mukwege, éminents challengers du président en exercice Félix Tshisekedi, ont annoncé leur intention de mobiliser la population dans les rues de Kinshasa pour dénoncer ce qu’ils qualifient de parodie électorale orchestrée par Denis Kadima. Rejoints par trois autres candidats présidentiels, Jean-Claude Baende, Théodore Ngoy, et Nkema Liloo, ils exigent l’annulation des résultats du 20 décembre 2023, dénonçant des irrégularités allant de l’enrôlement des électeurs aux résultats tronqués.
La rue sera le théâtre de cette contestation inédite, programmée pour le mercredi à venir. Le fer de lance de cette mobilisation, Martin Fayulu, connu pour son tempérament combatif, promet de défier les forces de l’ordre. Pour lui, l’humiliation du peuple congolais résulte de la falsification des résultats par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dirigée par Denis Kadima. Un scénario que le candidat numéro 21 ne peut tolérer sans agir.
« Le peuple congolais se sent humilié après la fabrication des faux résultats par la CENI Kadima. Ne pas agir s’apparentera à une complicité. Chose que Fayulu ne peut jamais cautionner, » explique-t-il.
Tant Martin Fayulu que le lauréat du prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, appellent à l’annulation des élections et à la réorganisation du scrutin, avec une CENI dont la composition serait révisée.
Tshisekedi sous le feu des critiques
Les cinq contestataires pointent directement du doigt le président en exercice, Félix Tshisekedi, accusé de manipuler le processus électoral pour garantir son maintien au pouvoir. Les irrégularités dénoncées s’étendent des intimidations envers les électeurs à la falsification des résultats dans diverses régions du pays.
« Nous protesterons contre l’extension, au-delà du 20 décembre 2023, des opérations de vote, par la CENI, en violation de la Constitution et de la loi électorale, » souligne leur communiqué adressé à l’autorité provinciale.
La marche, dont le point de départ est prévu au boulevard Triomphal en face du stade des Martyrs, se dirigera vers le siège de la CENI sur le boulevard du 30 juin. Les manifestants insistent sur leur droit de protester contre des opérations de vote entachées d’irrégularités, comme stipulé par l’article 26 de la Constitution.
Contestation populaire
La manifestation prévue pour le 27 décembre 2023 pourrait rassembler des milliers de citoyens dans les rues de Kinshasa. L’opposition espère ainsi créer une vague de protestations contre l’autorité électorale.
« Nous appelons tous les citoyens qui croient en la justice et en la vérité à se joindre à nous dans la rue mercredi pour faire entendre notre voix et exiger des élections libres et équitables, » déclare un opposant sur les réseaux sociaux.
Cette contestation d’envergure ouvre la porte à une nouvelle crise politique, menaçant de secouer la stabilité du pays plusieurs mois après les élections. L’opposition et le pouvoir semblent s’engager dans une logique de confrontation, dont les conséquences pourraient être graves.
Par Manassé Kitemoko Kosi