La politique agricole de la République Démocratique du Congo (RDC) se trouve à un carrefour critique, avec le président Félix Tshisekedi appelé à réduire le train de vie des institutions pour donner un nouvel élan au secteur agricole. L’expert en agriculture, Katchy Mulumba Serge, directeur général de Bio Agro Business, expose les lacunes de la politique actuelle, notamment la crise du maïs dans des provinces telles que le Kasaï Oriental.
« Pour asseoir la politique agricole du pays, il faut et il suffit que l’État prenne la courageuse décision de réduire drastiquement le train de vie des institutions afin de permettre, entre autres, un essor du secteur agricole, » souligne Katchy Mulumba Serge dans une tribune publiée ce jeudi.
Les clés de la relance agricole
Selon lui, outre les aspects fonciers et humains, le budget est essentiel pour stimuler le secteur agricole. « Le financement dans ce secteur suppose des investissements, des subventions, des formations pour les paysans et les petits producteurs, des voies de transport praticables pour l’acheminement des produits, de l’énergie suffisante pour le fonctionnement des centres de production, » renchérit-il.
Un nouveau paradigme de développement agricole
La faiblesse majeure de la politique agricole congolaise réside dans le manque d’intégration de l’agriculture-agro-industrie dès le milieu rural. Pour Katchy Mulumba Serge, il est crucial de se concentrer sur le milieu rural, où les grands producteurs peuvent prospérer grâce à des étendues vastes, une connaissance approfondie du terrain et une main-d’œuvre locale accessible.
« Une nouvelle perspective de la politique agricole du Chef de l’État exige une incursion résolue dans le milieu rural. C’est une issue fondamentale pour le développement du secteur agricole congolais, » affirme-t-il.
Les enjeux économiques et écologiques
La RDC détient le triste record du pays comptant le plus grand nombre de personnes en insécurité alimentaire dans le monde. Les politiques actuelles ont conduit à une dépendance aux importations, une aberration selon Katchy Mulumba Serge. Pour contrer cela, il préconise un modèle d’intégration agricole en milieu rural.
« L’intérêt écologique de la télédétection est incontournable pour optimiser les rendements, détecter des anomalies, et cibler les zones d’épandage, réduisant ainsi la perte d’intrants dans l’environnement, » explique-t-il.
Une gestion agricole anticipative
Pour une réussite éclatante, l’expert recommande au Chef de l’État de déclarer solennellement l’agriculture « priorité des priorités » et de redynamiser les services étatiques agricoles en rajeunissant et formant le personnel.
« L’agriculture requiert une gestion anticipative, de l’innovation et un engagement résolu. La réglementation du secteur doit être renforcée pour garantir sa structuration et son développement, » ajoute-t-il.
Vers une vision plus adaptée de l’agriculture congolaise
En dépit des beaux slogans, l’agriculture reste en retrait par rapport aux mines en RDC. Manassé Kitemoko Kosi, observateur extérieur, souligne le manque d’engagement des ministres de l’Agriculture pour réclamer une augmentation budgétaire.
« Au-delà des slogans, la réalité est que la priorité des priorités en RDC, ce sont les mines. L’agriculture nécessite discipline, passion et patience, mais elle offre une solution durable pour la sécurité alimentaire et la croissance économique, » conclut-il.
Manassé Kitemoko Kosi