Au cœur du Maghreb, une nouvelle secousse diplomatique agite les relations déjà tendues entre l’Algérie et le Maroc. Dans une déclaration surprenante, l’Algérie annonce la rupture de ses liens diplomatiques avec son voisin, attribuant cette décision à des « actes hostiles » perpétrés par le Maroc, selon le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra. Pour saisir pleinement les enjeux de cet énième épisode de tensions entre Alger et Rabat, un examen historique s’impose, les deux nations entretenant une relation conflictuelle depuis plusieurs décennies.
Des origines historiques conflictuelles
Dès l’indépendance de l’Algérie, les prémices d’une relation bilatérale hostile se manifestent. Alors que l’Algérie lutte pour son indépendance de 1954 à 1962, le Maroc obtient pacifiquement son indépendance en 1956. Cette divergence initiale crée un terrain propice aux frictions, culminant en affrontements en 1963, connus sous le nom de « Guerre des Sables », liés aux revendications territoriales marocaines sur des zones algériennes.
Les revendications sur le sahara occidental
Le différend s’intensifie avec les revendications territoriales marocaines sur le Sahara occidental après le retrait espagnol en 1975. La « marche verte » du Maroc et le soutien de la Mauritanie conduisent à la rupture diplomatique entre l’Algérie et le Maroc de 1976 à 1988. Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, s’oppose aux prétentions marocaines, engendrant une guérilla et aboutissant à un cessez-le-feu en 1991 sous l’égide de la MINURSO.
La montée des tensions terroristes
L’attentat de Marrakech en 1994 intensifie les tensions, le Maroc accusant l’Algérie d’implication. Les réponses immédiates comprennent des expulsions et la fermeture des frontières. Bien que des tentatives de réconciliation aient émergé, notamment avec la création de l’UMA en 1989 et le projet du gazoduc Maghreb-Europe, les relations restent fragiles.
Normalisation avec Israël : Un tournant critique
La normalisation des relations entre Rabat et Tel Aviv, avec les « Accords d’Abraham » en décembre 2020, crée une nouvelle dynamique. Les États-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange de cette normalisation, suscitant l’inquiétude en Algérie qui voit une alliance naissante aux portes de la région.
La détérioration en 2021
L’année 2021 voit une escalade des tensions. L’Algérie accuse le Maroc d’utiliser le trafic de drogue à des fins déstabilisatrices en mars. Des mesures restrictives suivent, et des allégations d’espionnage avec le logiciel « Pegasus » émergent en juillet. Malgré les tentatives de désescalade du roi Mohammed VI, les relations plongent, conduisant à la rupture diplomatique unilatérale de l’Algérie en août.
Conséquences économiques délicates
Depuis les attentats de 1994, les échanges économiques entre les deux pays ont considérablement diminué. Les frontières fermées ont entrainé une réduction drastique des transactions commerciales. En 2020, les échanges atteignent seulement 500 millions d’euros, représentant 1% des importations et exportations du Maroc.
Un conflit aux dimensions multiples
Cette impasse géopolitique a des répercussions néfastes sur les économies et la stabilité régionale. Les rivalités historiques, les contentieux territoriaux et les évolutions récentes, telles que la normalisation avec Israël, complexifient la situation. L’Algérie, en proie à des défis internes, semble également utiliser le conflit avec le Maroc pour détourner l’attention.
Une issue nécessaire
La résolution de cette crise demande une volonté commune des autorités algéro-marocaines. Une coopération sécuritaire et économique pourrait dynamiser la région, mais le chemin vers la réconciliation semble semé d’embûches. L’implication d’acteurs internationaux et les enjeux économiques soulignent l’importance cruciale d’une solution pacifique.
La Rédaction