Kinshasa-Gombe, RD Congo – Des avocats congolais font face à des menaces et des pressions inquiétantes à la suite de l’audience du 12 janvier au tribunal de grande instance. Ces menaces interviennent après la mise en détention de Stanis Bujakera, qui, depuis quatre mois, est emprisonné suite à la publication par son média d’un article basé sur une note confidentielle de l’Agence nationale de sécurité (ANR).
L’article mettait en cause les renseignements militaires dans l’assassinat de l’ancien ministre devenu opposant, Cherubin Okende. Les autorités congolaises avaient qualifié la note de fausse, sans fournir d’éléments à l’appui. Cependant, la veille de l’ouverture du procès, un document de la police avait révélé un spécimen de signature que le parquet considérait comme authentique, suggérant ainsi que la note n’était peut-être pas fausse.
Au cours de l’audience du 22 décembre, le parquet avait annoncé que des éléments avaient été transmis à l’expert désigné par le tribunal, suscitant l’espoir que l’accusation serait éclaircie. Cependant, des avocats ont découvert au greffe que la signature et le sceau présentés par l’ANR différaient de ceux du parquet, remettant en question toute l’accusation.
Conformément au Règlement Intérieur des Cours, Tribunaux et Parquets, des avocats se sont rendus au greffe pour prendre connaissance de ces nouveaux éléments. Ils ont constaté des divergences cruciales entre les documents présentés par l’ANR et ceux du parquet, remettant en cause l’intégrité de l’accusation.
À l’audience du 12 janvier, la défense a été surprise d’apprendre que l’expert désigné avait renoncé à sa mission deux mois après sa désignation, invoquant le manque de moyens après la destruction de ses équipements.
Une nouvelle demande de remise en liberté provisoire
Face à ces développements, le collectif de défense de Stanis Bujakera a décidé d’introduire une nouvelle demande de remise en liberté provisoire. La question centrale demeure : pourquoi maintenir Bujakera en prison alors que le parquet s’appuie sur des éléments contestés ?
Une justice congolaise à l’épreuve
La justice congolaise est aujourd’hui confrontée à une question cruciale : assurer le respect des droits de la défense. Dans l’intérêt de la justice, il est impératif de résoudre les incohérences entourant les preuves présentées.
Me Henri Thulliez, représentant du collectif d’avocats de la Défense de Stanis Bujakera, déclare : « J’espère que mes confrères pourront continuer à travailler sereinement sans faire l’objet d’intimidations. Le droit doit enfin être dit, et les droits de la défense doivent être respectés. »
La Rédaction