Milvest, une entreprise dirigée par l’homme d’affaires turc Thuran Mildon, occupe désormais une place importante dans les discussions économiques et politiques en République Démocratique du Congo (RDC). Connue pour avoir obtenu des contrats publics d’envergure, tels que la construction du Centre financier de Kinshasa et la rénovation de l’aéroport international de N’Djili, l’entreprise suscite cependant de nombreuses interrogations. En effet, ces projets, qui auraient pu être des vitrines du développement, semblent embourbés dans des controverses et des retards inexplicables.
Des financements non transparants
Lors d’une interview exclusive, Thuran Mildon a affirmé avoir investi personnellement plus de 400 millions de dollars dans ces projets, en attendant que l’État commence à rembourser. Cependant, des documents consultés montrent une situation bien différente : Milvest aurait en réalité reçu des fonds directement du Trésor public congolais à hauteur de 520 millions de dollars, ainsi que 120 millions de dollars supplémentaires provenant de la banque TDB. Cette divergence entre les déclarations de Mildon et les informations disponibles suscite des doutes sur la transparence des financements avancés.
Projets en retard : justifications contestées
Malgré les financements importants reçus, aucun des projets entrepris par Milvest n’a encore été achevé. Mildon a attribué ces retards à des problèmes administratifs, notamment le blocage de matériel par les autorités congolaises. Cependant, cette explication ne semble pas correspondre à l’ampleur des fonds déjà débloqués. En réalité, l’arrêt des travaux pourrait être lié à la suspension des paiements par l’Inspection Générale des Finances (IGF), qui a récemment intensifié ses contrôles sur les dépenses publiques. Cette situation alimente les spéculations sur les pratiques financières réelles de Milvest.
Montage financier flou
Thuran Mildon a également déclaré que les financements pour les projets étaient d’origine privée, et que l’État ne commencerait à payer qu’après deux ans, les cinq années suivantes étant couvertes par les revenus locatifs des infrastructures construites. Toutefois, cette version des faits reste difficile à vérifier, car aucun élément concret ne vient corroborer la mise en place de ces montages financiers. Les contrats obtenus par Milvest semblent plus basés sur des garanties de l’État que sur de véritables investissements privés.
Relations ambiguës avec les responsables congolais
Les relations entre Milvest et certains responsables politiques congolais ont également été mises en cause. Par exemple, l’utilisation par des officiels congolais de l’avion privé de Thuran Mildon pour des voyages personnels a été perçue par certains comme un geste pouvant être interprété comme un acte de corruption, bien que Mildon ait démenti toute malversation.
Un avenir incertain
Les projets de Milvest, bien que prometteurs sur le papier, restent pour l’instant suspendus, leur avenir incertain. Les retards et les blocages administratifs soulèvent des inquiétudes quant à la viabilité à long terme de ces investissements, laissant planer le doute sur la capacité de l’entreprise à mener à bien ses engagements en RDC.
La rédaction