Le débat autour de la révision constitutionnelle en République démocratique du Congo, initié par le président Félix Tshisekedi, continue de provoquer une opposition grandissante au sein des sphères politiques, sociales et intellectuelles. Pour ses détracteurs, ce projet symbolise une tentative de prolongation illégitime du mandat présidentiel, masquée derrière une lecture controversée de l’article 217 de la Constitution.
« Une stratégie pour détourner l’attention », accusent plusieurs figures de l’opposition. L’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, pointe du doigt une manipulation destinée à « se maintenir au pouvoir au-delà des limites imposées par la loi« . Selon lui, les problèmes réels, tels que la précarité croissante de la population, sont relégués au second plan, tandis que le président « trahit l’héritage des martyrs de la démocratie« .
De son côté, Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, juge cette initiative comme une « démarche aberrante ». L’article 217, assure-t-il, n’a jamais été conçu pour légitimer une cession de souveraineté. Pour Fayulu, « ce projet reflète une priorité mal placée, alors que les Congolais attendent des solutions concrètes à leurs problèmes quotidiens ».
Un danger pour la démocratie
Le prix Nobel de la paix Denis Mukwege, dont les interventions publiques sont largement respectées, a pris position contre cette réforme. « Il s’agit d’une dérive autoritaire qui menace les acquis démocratiques obtenus au prix de lourds sacrifices », alerte Mukwege. Il appelle les Congolais à faire preuve de vigilance face à ce qu’il considère comme un « nouveau déni de démocratie ».
Cette fronde est également relayée par des voix comme Delly Sesanga et Claudel-André Lubaya. Sesanga critique un projet « au service d’ambitions personnelles », tandis que Lubaya rappelle que « changer de président est plus nécessaire que de changer la Constitution ». Les deux s’accordent sur la nécessité de défendre les articles 64 et 220, garants de l’intégrité démocratique du pays.
Une opinion publique mobilisée
Au-delà des figures politiques, des organisations de la société civile se mobilisent pour dénoncer ce qu’elles perçoivent comme une menace pour la souveraineté nationale. Jean-Claude Katende, président de l’ASADHO, fustige une politique de gestion « erratique » de l’Est du pays et rejette l’interprétation avancée de l’article 217 comme étant « inexacte et trompeuse ».
Face à ces critiques, la présidence demeure silencieuse, laissant peu de place à un débat transparent sur les implications réelles de cette initiative. Cette opacité alimente davantage les soupçons d’une manœuvre visant à asseoir le pouvoir au-delà du cadre légal.
Vers une mobilisation populaire
Dans ce climat de défiance, la population congolaise se retrouve au cœur d’un enjeu majeur pour l’avenir de la démocratie et de la souveraineté nationale. L’appel à la vigilance est unanime : préserver les acquis démocratiques, protéger les institutions et prioriser les défis économiques et sociaux.
En définitive, le débat sur l’article 217 révèle un problème plus profond, celui d’une gestion politique marquée par des priorités souvent éloignées des attentes de la population. L’avenir de la RDC dépendra de la capacité des forces vives à maintenir la pression pour empêcher tout recul démocratique.