Les États-Unis ont récemment pris une décision sans précédent en plaçant le Rwanda sur la liste CSPA (Child Prevention Act) des pays impliqués dans l’utilisation d’enfants-soldats. Cette mesure entraîne une sérieuse restriction de leur coopération militaire avec le gouvernement de Kigali. Washington justifie cette décision par le soutien présumé du Rwanda au groupe armé M23, une question qui suscite de vives inquiétudes sur la scène internationale.
Le Rwanda devient ainsi le dix-neuvième pays à figurer sur cette liste noire américaine, un acte symbolique qui a des implications tangibles en termes de coopération militaire entre les deux nations. La CSPA, loi visant à empêcher l’utilisation d’enfants-soldats, permet aux États-Unis de limiter leurs interactions militaires avec les pays désignés. Il convient de noter qu’en 2013, les États-Unis avaient déjà suspendu leur aide militaire au Rwanda en vertu de cette même loi.
Selon un porte-parole du département d’État américain, interrogé par RFI, l’objectif de cette liste est de « demander des comptes aux pays pour lesquels nous disposons d’informations crédibles indiquant qu’ils recrutent et utilisent des enfants-soldats, que ce soit dans leurs forces gouvernementales ou au sein de groupes armés qu’ils soutiennent. »
Le cas du Rwanda s’inscrit dans cette seconde catégorie. Les autorités américaines affirment que les « forces de défense du Rwanda (RDF) ont apporté leur soutien au M23, un groupe armé impliqué dans le recrutement et l’utilisation d’enfants-soldats. » Ces allégations trouvent déjà confirmation dans plusieurs rapports des Nations Unies, bien que le gouvernement rwandais continue de les nier catégoriquement, arguant qu’il n’a aucun lien avec ce groupe armé opérant dans la région du Nord-Kivu.
Selon l’UNICEF en 2022, plus de 17 500 enfants ont été libérés des groupes armés depuis 2017, mais des milliers demeurent encore enrôlés, principalement dans les zones de conflit des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Face à cette situation, les États-Unis ont donc décidé de réduire leur aide militaire au Rwanda, ainsi que de restreindre les ventes d’armes et de matériel militaire à compter du 1er octobre prochain.
Cette décision américaine a été applaudie à la tribune de l’ONU par le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi. En ce qui concerne la situation en RDC, le président Tshisekedi a estimé que le retrait accéléré de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) devenait « une nécessité impérative pour apaiser les tensions. » Il a également réitéré ses critiques à l’égard du M23 et du Rwanda.
Le président a souligné le caractère injuste et inacceptable de l’impunité dont bénéficient certaines personnes, notamment celles citées comme responsables de crimes graves dans les rapports d’experts de l’ONU sur la situation sécuritaire en RDC. Il a salué chaleureusement les sanctions imposées par le gouvernement américain au Rwanda pour son soutien présumé au groupe terroriste du M23 et à l’un de ses hauts responsables impliqués dans des activités criminelles en République démocratique du Congo.
Il est à noter que ce groupe terroriste, allié du Rwanda, n’a pas respecté les engagements pris par les chefs d’État de la région, en maintenant ses positions conquises, en perpétrant des massacres de populations civiles et en refusant les propositions de pré-cantonnement et de cantonnement, tout en réclamant un dialogue qui lui est jusqu’à présent refusé. Cette décision des États-Unis témoigne de leur engagement à lutter contre l’utilisation d’enfants-soldats et à promouvoir la paix et la stabilité dans la région.