Kinshasa, le 16 novembre 2023 – Le 8 novembre dernier, l’armée congolaise et la Mission de l’ONU pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) ont conjointement lancé l’Opération Springbok dans l’Est du pays, visant à contrer l’avancée des rebelles du M23 vers la province du Nord-Kivu. Alors que les Casques bleus affirment leur détermination à protéger la ville de Goma, les réactions de la population kinoise soulignent un scepticisme général quant à l’efficacité de cette initiative.
Le Scepticisme Kinois : Un Besoin d’Autonomie Militaire
Les opinions divergent parmi les habitants de Kinshasa. Regine Miandabu, étudiante en médecine à l’Université de Kinshasa, exprime un mécontentement palpable envers le rôle de la Monusco : « La Monusco a prouvé depuis longtemps ses limites et ses incompétences, nous n’avons plus besoin d’eux. Il faut qu’elle s’en aille et laisse les FARDC et Wazalendo faire face aux rebelles. Avec le lancement de cette opération, elle n’arrivera à impressionner aucun Congolais pour s’attirer notre sympathie. »
Antoinette Kayeye, assistante à la faculté des sciences de l’Université de Kinshasa, émet des réserves quant à l’agenda caché derrière l’Opération Springbok : « Il y a anguille sous roche avec le lancement de cette opération. Où est la Monusco alors que les Congolais sont tués par les rebelles dans l’Est ? Qu’est-ce qui l’a poussé à ne pas lancer cette opération alors que les Congolais attendent son départ ? »
Elle insiste sur le besoin d’une autonomie militaire accrue : « La Monusco est complice de toutes les atrocités commises dans l’Est. Elle ne mérite plus notre confiance. Tout ce qu’on attend d’elle maintenant, c’est un départ sans retour, les FARDC sont bien formées et elles sont capables de restaurer la paix. »
Perspectives du quotidien : Une guerre gagnée par les FARDC sans l’appui de la Monusco ?
Jeannette Mbo, vendeuse dans une boutique de Kindele, partage une opinion tranchée sur l’impact de l’Opération Springbok : « Je suis contre le lancement de cette opération par notre armée en connivence avec la Monusco. On doit arrêter tout activisme des Casques bleus et leur demander de partir. Les FARDC sont beaucoup plus fortes et capables de gagner cette guerre même sans le soutien de la Monusco ni d’aucune autre armée étrangère. »
La Lucha : mobilisation citoyenne pour le départ de la Monusco
Le mouvement citoyen Lucha a organisé un sit-in dans la ville de Goma ce mercredi, réclamant le départ tant de la Monusco que de la force de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) déployée depuis moins d’un an dans la région. La Lucha estime que l’implication de ces forces internationales entrave le développement du pays et souligne la nécessité d’une plus grande responsabilité de l’armée congolaise pour assurer la sécurité du pays.
Un souhait gouvernemental : Un départ « accéléré » de la Monusco
Le gouvernement congolais, par le biais du Président de la République dans son discours sur l’état de la nation le 14 novembre, souhaite également un départ « accéléré » de la Monusco et de ses 14 000 Casques bleus à partir de décembre.
Les officiers n’ont pas révélé l’effectif précis de l’Opération Springbok lors de l’annonce à Sake, se contentant d’indiquer que celle-ci est constituée de Casques bleus indiens, marocains, uruguayens et guatémaltèques.
Manassé Kitemoko Kosi