Kinshasa, le 13 octobre 2023 – Le procès de Stanis Bujakera, directeur de publication adjoint d’Actualite.cd et correspondant de renom pour Jeune Afrique et Reuters, a débuté aujourd’hui au sein de la prison de Makala, située dans la capitale congolaise Kinshasa. Cette audience foraine a été convoquée par le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe.
L’ouverture de ce procès a suscité des interrogations, principalement liées à une absence de citation à prévenu, un acte officiel d’accusation permettant à l’accusé de prendre connaissance des chefs d’inculpation. Une irrégularité de procédure que la défense de Bujakera a soulevée. Toutefois, malgré ce manquement, Stanis Bujakera a accepté de comparaître volontairement. Me Ndikulu Yana, avocat de la défense, explique cette décision : « Il n’y avait pas de citation à prévenu, c’est-à-dire l’acte officiel d’accusation qui est donné à l’accusé pour l’informer des chefs d’accusation. Il n’y en avait pas dans le dossier, mais nous avons accepté de pouvoir comparaître volontairement parce que nous allons nous servir de la requête aux fins de fixation qui contient les mêmes éléments. »
L’arrestation de Stanis Bujakera, survenue le 8 septembre à l’aéroport de N’djili à Kinshasa, a été suivie d’une série d’accusations, notamment de « faux en écriture, falsification des sceaux de l’État, » « propagation de faux bruits, » et « transmission de messages erronés et contraires à la loi. » Ses avocats ont réitéré leur demande de libération immédiate, arguant que la détention de leur client était irrégulière. Me Ndikulu Yana ajoute : « Nous avons demandé sa mise en liberté soit par la levée de la détention, soit qu’on lui accorde la liberté provisoire. Dans l’un ou l’autre cas. Et le tribunal a accepté de prendre cette affaire en délibéré et de nous répondre à la prochaine audience. »
Stanis Bujakera a été incarcéré à la prison de Makala le 15 septembre, sa détention ayant été confirmée pour une période de 15 jours à des fins d’enquête par le tribunal de paix de Kinshasa-Gombe. Depuis lors, aucune nouvelle décision n’a été prise pour renouveler sa détention, ce qui alimente les arguments de la défense concernant son irrégularité. Me Ndikulu Yana souligne : « Le délai que le tribunal de paix avait accordé est vraiment expiré, je crois que nous sommes à 20 ou 30 jours, donc il est ici totalement en détention irrégulière (…). Donc nous avons demandé à ce que le tribunal constate, vérifie si la détention est régulière. Nous espérons qu’ils vont nous répondre dans les 48 heures. »
L’affaire sur le fonds a été renvoyée au 20 octobre, conformément à la demande des avocats de la défense. L’audience a été marquée par la présence de plusieurs représentants d’ambassades, notamment ceux des États-Unis et de la Belgique.
Depuis l’arrestation de Stanis Bujakera, de nombreuses personnalités et organisations ont réclamé sa libération immédiate et sans conditions. Reporters sans frontières a saisi le groupe de contacts de l’ONU sur les détentions arbitraires et a appelé à l’abandon des charges et à la libération du journaliste détenu depuis un mois à la prison de Makala. Amnesty International a également mobilisé ses 10 millions de membres à travers le monde pour demander la libération de Bujakera.
Ce procès de Stanis Bujakera, qui suscite l’attention de la communauté internationale, se déroule dans un climat de vigilance et d’attente quant à l’issue de cette affaire qui soulève des questions sur la liberté de la presse et les droits de l’homme en République démocratique du Congo.