Juin 2022, juin 2023, un an jour pour jour depuis que des scènes de violences s’enregistrent dans le territoire de Kwamouth (Mai-Ndombe) à la suite du conflit entre les communautés Teke et Yaka. La source de ce conflit réside dans un désaccord sur la redevance coutumière fixée par les autorités traditionnelles Teke. Cependant, les Yaka n’ont pas accepté la quantité de cette redevance, ce qui a conduit à des manifestations de protestation. Selon nos sources, les Teke auraient décidé d’expulser les Yaka du territoire de Kwamouth. En réponse, ces derniers se sont armés et ont attaqué à la fois les Teke et les forces de l’ordre et de sécurité venues en intervention. Cela a entraîné l’émergence de la milice Mobondo, semant la terreur à Kwamouth.
Selon un rapport de Human Rights Watch, la milice Mobondo fait référence à des pratiques superstitieuses pour commettre des exactions. Selon cette ONG, plus de 300 personnes ont été tuées en 2022 dans cette partie de la province de Maï Ndombe. Plus de 40 000 déplacés de Kwamouth ont trouvé refuge dans la province voisine du Kwilu. Cette insécurité, qui a ressurgi en mai 2023, a entraîné la disparition de plus de 100 personnes et fait au moins 33 morts, selon la société civile locale.
Un an plus tard, les violences se sont intensifiées et ont touché d’autres régions. « Il y a encore certaines zones en proie à une insécurité totale, comme les axes Kwamouth-Dumu et Kwamouth-Masiambio », déclare Martin Suta, président de la société civile de Kwamouth, qui préconise une option militaire contre les auteurs des violences plutôt que de négocier.
Il plaide également en faveur d’une assistance aux déplacés dispersés dans la région de Bandundu, à Kinshasa et au Congo-Brazzaville.
Ces violences ont également touché le territoire de Bagata en septembre 2022, faisant plus de 60 morts. Une recrudescence de l’insécurité a été constatée en mars 2023.
Selon Garry Sakata, député national élu de Bagata, il est nécessaire de rétablir la paix par la force, ce qui passe par le déploiement de l’armée. Ensuite, des enquêtes approfondies doivent être menées pour identifier les véritables auteurs de ce conflit, les juger publiquement et engager un dialogue intercommunautaire.
« La première chose à faire est de rétablir la paix par la force. L’armée nationale doit être déployée pour rétablir cette paix. Ensuite, nous devons mettre en place des mécanismes de résolution. Il est impératif de mener des enquêtes approfondies. Cela doit être fait par le pouvoir judiciaire afin de déterminer les instigateurs visibles et invisibles de cette affaire. Qui nourrit ces jeunes gens ? Qui leur fournit des armes ? C’est le rôle du pouvoir judiciaire, du parquet et du gouvernement. Une fois qu’ils seront identifiés, ils devront être jugés publiquement. Et ce procès public doit être organisé dans les régions où les assassinats ont été commis afin d’avoir un effet dissuasif. Les juges devront prononcer des sanctions sévères et dissuasives pour empêcher les personnes qui pourraient avoir l’intention de récidiver », déclare Garry Sakata.
Il ajoute : « Nous pouvons également commencer par ouvrir un dialogue entre les communautés. De nombreux cœurs sont blessés. De nombreuses familles ont été décimées, ce qui laisse des blessures profondes entre les communautés. Il est donc nécessaire que le dialogue commence. »
La province du Kwango a également été touchée en mai 2023. La société civile recense plus de 33 morts à la suite des attaques des miliciens.
« La société civile du Kwango recommande au gouvernement de la République de dialoguer directement avec la milice Mobondo afin de l’écouter et d’apporter une assistance aux déplacés présents dans les provinces du Kwango, du Kwilu et de Maï Ndombe. Des séances de sensibilisation des jeunes dans les églises et les écoles devraient être organisées pour les décourager de rejoindre le mouvement Mobondo », recommande Symphorien Kwengo, vice-président du cadre de concertation de la société civile du Kwango.
Depuis juin 2022, au moins 41 décès ont été enregistrés dans le camp des déplacés installé dans le chef-lieu de la province du Kwilu. Des cas de malnutrition et de rougeole ont également été signalés, notamment à Batshongo (Kwango), avant l’attaque de mai 2023.
Les violences ont également touché une partie de la ville de Kinshasa, plus précisément la commune de Maluku, où des dizaines de personnes ont été tuées par la milice Mobondo. L’opération d’enrôlement des électeurs n’a pas pu avoir lieu dans une partie de Maluku en raison de l’insécurité.
Un an après le début des violences, le gouvernement n’a pas réussi à rétablir la sécurité dans le Grand Bandundu. Cependant, les autorités signalent la présence des miliciens Mobondo dans le territoire de Kimvula, dans le Kongo Central.