En cette journée du 25 septembre 2023, Christophe Lutundula, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC), est au centre de toutes les attentions. Ses déclarations tonitruantes, annonçant une confrontation imminente avec le M23, suscitent une grande perplexité. La question qui se pose désormais est la suivante : Lutundula a-t-il réellement bluffé le peuple congolais ?
Les assurances émanant du vice-Premier ministre semblaient pourtant inébranlables. Cet avertissement, doublé de l’annonce d’un retour à la normale dans les zones occupées par le M23 dès le dimanche 24 septembre 2023, a suscité une grande attente à Goma. La population était en éveil, attendant impatiemment l’action du gouvernement de la RDC.
Le général-major Peter Cirimwami, nouvellement désigné comme commandant des opérations militaires au Nord-Kivu, a préparé le terrain en visitant les théâtres des dernières opérations militaires et les lignes de front. Le 18 septembre dernier, il a pris les rênes des opérations militaires dans la région et, en seulement cinq jours, a réussi à rétablir le contrôle total de la cité stratégique de Mushaki, auparavant occupée par les rebelles du M23. Un coup de maître qui a été réalisé sans affrontements majeurs, grâce à une collaboration étroite avec la force régionale de l’East African Community (EAC).
Cependant, à ce stade, le commandant militaire n’a fait aucune mention de la préparation d’une offensive. Il a simplement déclaré : « Nous sommes parvenus à Mushaki grâce à la collaboration avec la force régionale de l’EAC, il n’y a pas eu de combat, mais plutôt une occupation, car l’ennemi s’était déjà retiré. » Face aux préoccupations de la population vivant sous le contrôle des rebelles, l’autorité provinciale a tenu à préciser : « Ceux qui se considèrent comme des citoyens congolais doivent déposer les armes pour intégrer le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS). Les étrangers, quant à eux, sont encouragés à retourner dans leurs pays d’origine, car ce ne sont pas eux qui faciliteront la paix entre les Congolais. »
Dans cette opération conjointe, les forces loyalistes de la RDC opèrent aux côtés des contingents burundais de l’EAC, une alliance qui semble porter ses fruits. Mushaki, en raison de sa position géographique stratégique, s’était révélée difficile à conquérir, étant auparavant aux mains des militaires de la Force de défense nationale du Burundi et des éléments du M23.
La grande interrogation demeure : que se passera-t-il désormais ?
Christophe Lutundula avait annoncé avec fermeté que le M23 serait contraint de quitter Bunagana dès le dimanche 24 septembre 2023. Cependant, 48 heures plus tard, la situation demeure inchangée. Le vice-Premier ministre avait prévenu le groupe rebelle qu’il serait contraint de partir par la force si nécessaire, dans un contexte de tensions régionales et de violences persistantes dans certaines parties de l’est de la RDC. Lors de son intervention sur Top Congo le dimanche 24 septembre 2023, il avait martelé : « À partir de ce 24 septembre 2023, si le M23 ne quitte pas Bunagana, il y sera contraint par la force. Nous ferons tout, et nous sommes prêts. » Un message de fermeté qui laissait présager la fin des activités du M23 dans la région.
Lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies, le président congolais Félix Tshisekedi a maintenu cette position, affirmant que le M23 exigeait un dialogue qui ne lui serait jamais accordé. Il a également appelé la communauté internationale à sanctionner les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en République démocratique du Congo. Par ailleurs, il a salué les sanctions imposées par les États-Unis au Rwanda pour son soutien présumé au M23.
Le général-major Peter Cirimwami, gouverneur militaire par intérim du Nord-Kivu, a entamé le 25 septembre 2023 une série de rencontres avec divers acteurs sociopolitiques de la province. Il sollicite leur soutien pour la réussite des opérations contre les terroristes du M23 et leurs alliés rwandais. Le Barza la Wazee (barza intercommunautaire), la Fec et la Monusco ont également été consultés par l’autorité provinciale. Deux jours auparavant, tous les leaders des groupes armés locaux ont été reçus à Mubambiro par le gouverneur militaire. Cette série de consultations vise à renforcer la coordination et la mobilisation de toutes les parties impliquées dans la lutte contre le M23.
ouragand.cd / Bisonews