Les opérateurs économiques signataires du protocole d’entente portant fixation des prix définitifs des produits surgelés entre le gouvernement et les importateurs n’honorent pas leur engagement. Plutôt que de baisser, les prix ont augmenté sur le marché et ils vendent à la sauvette, moyennant jeton en lieu et place des factures.
Du coup, les langues se délient : le gouvernement a-t-il roulé sa propre population dans la farine ? Ou encore manifeste-t-il son aveu d’impuissance face à l’arrogance affichée des importateurs des produits surgelés qui continuent d’imposer leur loi sur le marché ? Dire autrement les choses, serait pratiquer la politique de l’autruche. Car, il est curieux et incompréhensible de constater que, malgré l’accord signé librement avec l’État congolais, les jours passent et se ressemblent sans que les prix sur le marché ne baissent.
C’est ici que le gouvernement est appelé à prendre ses responsabilités, en faisant appliquer la rigueur de la loi sur tout investisseur véreux qui se croirait encore à l’époque des « intouchables ». Pour le président de la République, Félix Tshisekedi, qui a un bilan à défendre face au peuple en 2023, la baisse des prix des surgelés constitue un round décisif après avoir gagné le pari de la gratuité de l’enseignement et autres baisses des billets d’avions et des passeports. Sans quoi, le feu qui couve sous la cendre risque de se transformer en une étincelle qui ne fera qu’embraser le secteur social. Et personne n’en sortira gagnant.
Était-ce de la poudre aux yeux du peuple ? La population kinoise est à bout de son impatience sur la « vraie fausse baisse de prix des produits surgelés ». Et sur les différents marchés de la capitale, le risque de l’explosion serait éminent vu la rareté « artificielle » créée par les importateurs grossistes qui ne veulent toujours pas vendre aux prix convenus avec l’État congolais.
Entretemps, la bataille engagée pour l’achat d’un produit concerné dans les chambres froides relève d’un parcours de combattant, et le spectacle est simplement désolant. « La vente se fait désormais à la tête du client ou, c’est question de chance », a confié un tenancier de chambre froide au marché Gambela, dans la commune de Kasa-Vubu, à Kinshasa.
Dans cet imbroglio, les ménagères, elles, ne cessent de se plaindre de leur panier qui s’amenuise du jour au lendemain. Devant cette impasse, l’on croirait à une complicité du gouvernement qui assiste impuissant au martyre de sa population comme un parent inoffensif.
Quel que soit le bout par lequel on prendrait cette affaire, il est évident que le danger guette la maison et un sursaut d’autorité s’impose. « À ce jour, ces grossistes s’arrangent pour ne vendre que 10 à 20 cartons par jour de leurs différents produits, occasionnant ainsi une bataille sans merci des acheteurs. Cela, au prix de leur choix, foulant aux pieds les accords convenus avec les autorités de tutelle », s’est plaint un vendeur détaillant.
En plus, les acheteurs sont parfois obligés de passer par des commissionnaires moyennant un pourboire appelé « douane » avant d’acheter, ne serait-ce qu’un carton du produit de son choix. La population est ainsi abandonnée à son triste sort, ne sachant à quel saint se vouer, a renchéri une dame visiblement désemparée.
De plus, les importateurs ont changé de style de vente. Ils ont stocké leurs produits dans les grands entrepôts à Kingabwa, Limete ou Gambela et autres, où ils envoient les acheteurs moyennant un jeton en lieu et place d’une facture.
Un défi pour le président de la République
Pourtant, au terme de leurs pourparlers consensuels du vendredi 13 août 2021, les délégués du gouvernement et de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), s’étaient mis d’accord sur les prix définitifs des produits surgelés fixés de commun accord entre le gouvernement et les importateurs des produits surgelés.
Deux jours ont suffi afin de se mettre d’accord sur les prix définitifs à appliquer sur le marché. Après les discussions, un procès-verbal a été signé par les sociétés importatrices et le gouvernement, impliquant une baisse d’environ 30% par rapport aux prix actuels.
Voici les prix définitifs des quelques produits de base importés : Cuisses de poulet (10 kg): 15.9 USD (32 000 FC) ; Poulet entier (10 kg): 15.5 USD (31 000 FC) ; Côtes de porcs (10 kg): 16.8 USD (33 600 FC) ; Chinchards : 1.44 USD/kg (2800 FC).
Le dernier constat fait sur le marché par DESKECO.COM et ACTUALITE.CD indiquait une augmentation des prix des produits surgelés. Un carton de 10 kilogrammes se négocie actuellement à 63.600 FC alors qu’il y a quelques semaines, il se vendait encore à 46.000 FC voire moins que ça avant l’annonce des mesures du gouvernement.
Le prix des côtes de porc a augmenté. Un carton de 10 kilos est passé de 65.000 FC à 70.000 FC. Mais bien avant l’annonce du gouvernement, son prix était fixé à 45.000 FC.
Pour les cuisses de poulet, en revanche, le prix n’a pas beaucoup augmenté d’après nos investigations. Un carton de 10 kilogrammes se vend tantôt à 46 000 FC tantôt à 47.000 FC. Mais avant, il se négociait à 45 000 FC selon les vendeurs.
Quant aux poissons, un carton de 20 kilogrammes se vendait à 159.000 FC avant l’annonce des mesures du gouvernement. Actuellement il se négocie à 180.000FC.
Aux bas mots, les mesures du gouvernement viennent d’être foulées aux pieds. Comme certaines lois souvent édictées sans suivi, l’application sur le terrain afin de mettre fin aux anciens prix n’a pas été organisée. Au gouvernement d’agir. Et à temps.
Le Potentiel/Bisonews