Élections en 2023. C’est le refrain que fredonnent tous les partenaires traditionnels de la RDC au cours des échanges successifs qu’ont eus leurs diplomates avec le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso. En l’espace de 72 heures, les ambassadeurs des pays membres de l’Union européenne ainsi que ceux des États-Unis d’Amérique et de la Russie ont rappelé aux autorités congolaises leur obligation constitutionnelle d’organiser les élections dans le délai. Ils réitèrent en même temps la volonté de leurs pays respectifs d’accompagner le processus électoral en RDC dans le sens du message de la paix que prône le président de l’Assemblée nationale. À cet effet, malgré le retard pris dans la désignation des animateurs de la Centrale électorale, Mboso a rassuré ses hôtes de la ferme volonté du chef de l’État de garantir un processus électoral apaisé. Mais au-delà de cette bonne volonté, il reste à courir derrière le temps qui risque de rattraper les retardataires, surprendre les acteurs et décevoir les espoirs de tout un peuple.
Les élections se tiendront-elles en 2023 ? À deux ans de la fin constitutionnelle du premier quinquennat du président Félix Tshisekedi, la question s’invite déjà sur la table des discussions et des pourparlers politiques.
Pendant que les acteurs politiques congolais se perdent en conjectures et les confessions religieuses tergiversent encore dans le processus de désignation du président et d’un membre de la plénière de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), la communauté internationale, elle, débraie sur la pédale et accentue la pression : « Les élections doivent se ternir en 2023 ».
En discussion avec le président de l’Assemblée nationale, les ambassadeurs de l’Union européenne (UE), des Etats-Unis et de la Russie ont transmis clairement les messages de leurs gouvernements respectifs sur l’impérieuse nécessité pour Kinshasa de tout mettre en œuvre, afin que les élections présidentielle et législatives se tiennent dans le délai, c’est-à-dire en 2023.
Le bâton et la carotte de l’UE
À ce propos, le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, accompagné de quelques membres du bureau, a conféré, le vendredi 1er octobre, avec une délégation d’ambassadeurs de l’Union européenne conduite par Jean-Marc Châtaigner, ambassadeur de la délégation de l’Union européenne en RDC.
La délégation de l’Union européenne s’est rendue auprès du speaker de la Chambre basse du Parlement pour parler de la composition de la Ceni. À cet effet, le président Mboso a expliqué à ses interlocuteurs tous les contours de la discussion autour de la mise en place de la nouvelle équipe de la Centrale électorale.
Pour l’Union européenne, le souci est que les élections se tiennent dans le délai et elle est disposée à accompagner le processus électoral en RDC, dans le sens du message de la paix que prône le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso.
Les USA et la Russie corsent la mise
À la suite des diplomates européens, le speaker de la Chambre basse du Parlement a accordé une double audience, mardi 5 octobre, à Mike Hammer et Alexey L. Sentebov, respectivement ambassadeur des États-Unis et ambassadeur de la Russie en RDC.
Les deux diplomates ont également échangé avec Mboso sur l’évolution du processus de désignation de futurs animateurs de la Céni ainsi que l’évolution du processus électoral en général.
Au sortir de l’entrevue avec le président de l’Assemblée nationale, Mike Hammer a fait savoir qu’il a discuté avec le speaker de l’Assemblée nationale sur la prochaine mise en place des animateurs de la Céni, après la réunion tenue avec les ambassadeurs de l’Union européenne.
« Notre souci est de voir le processus avancer pour enfin avoir le nouveau bureau de la CENI. Car, tous, nous voulons avoir des élections en 2023, des élections qui seront bien organisées, transparentes, équitables et crédibles », a déclaré le diplomate américain.
Le représentant du pays de l’Oncle Sam en RDC qui estime que les prochaines élections vont faire avancer la démocratie congolaise, dit néanmoins « éviter toute immixtion dans les affaires intérieures congolaises ». Il justifie sa démarche par l’intérêt des USA de rechercher à renforcer la démocratie congolaise. Avant de conclure que l’arbitrage sur la question de la désignation des membres de la Céni appartient entièrement aux Congolais eux-mêmes.
Alexey L. Sentebov, ambassadeur de Russie en RDC, s’est, pour sa part, exprimé en ces termes : « On vient de rencontrer l’honorable président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso, et on a parlé de la préparation des élections prévues pour 2023 ».
Pour lui, il est important que ces élections aient lieu dans le délai précis, puisque la Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, se tient toujours aux côtés de la RDC.
« Nous tenons à ce que les solutions aux problèmes que vous avez, soient votre choix et dans le respect de la souveraineté de votre pays », a-t-il martelé par ailleurs.
S’agissant de l’apport des ambassadeurs à ce processus, Alexey a précisé que leur démarche diplomatique est clairement contre toute forme d’ingérence dans les affaires intérieures des pays africains, y compris la RDC. La démarche vise à soutenir la RDC au sein du Conseil de sécurité, a conclu le diplomate russe.