Parmi les peuples les plus traumatisés par les différents cycles de violence au Nord-Kivu figure la grande communauté hutu. Lassés par les affres de la guerre, les jeunes hutu haussent le ton.
Dans une déclaration publiée le 28 mai 2022, la jeunesse de la communauté hutu en République démocratique du Congo, s’est ouvertement réjouie des décisions prises par le Conseil supérieur de la défense le 27 mai 2022 désignant le M23 comme mouvement terroriste à l’instar des ADF opérant un peu plus au nord, notamment dans le territoire de Beni. « Ce qui est particulier au groupe armé terroriste du M23 soutenu par le régime actuel du FPR au Rwanda, c’est son caractère ethnique et génocidaire », note monsieur Rurindagabo Rugero Innocent, coordonnateur de l’association culturelle Igisenge Hutu, coordination provinciale de la jeunesse de Kinshasa.
L’association mentionne qu’actuellement, « les visées terroristes du M23, c’est de déplacer volontairement les populations à majorité hutu des territoires de Nyiragongo pour les empêcher de se développer dans tous les secteurs de la vie. Ils enrôlent par force des enfants hutu et les envoient à la première ligne de front pour qu’ils soient tués », explique-t-il.
Mandats d’arrêt internationaux exigés
Pour la jeunesse hutu, les terroristes du M23 commettent à l’encontre des hutu un épistémicide (tuerie de la connaissance) sans précédent. Elle évoque notamment la destruction des écoles, des tueries et viols sur des femmes etc. Le M23 n’est pas seulement terroriste, soutiennent encore ces jeunes arguant qu’il est aussi un mouvement « ethnico-génocidaire » en RDC. « Nous demandons à notre gouvernement d’émettre des mandats d’arrêt internationaux contre tous les membres de ce groupe terroriste ethnico-génocidaire du M23 pour qu’ils rendent compte de leurs actes ignobles devant les tribunaux compétents en RDC ou ailleurs », plaide monsieur Rurindagabo Rugero Innocent, coordonnateur de la jeunesse hutu de Kinshasa. Il demande au gouvernement Sama Lukonde de prendre toutes les dispositions nécessaires pour rechercher, arrêter et punir selon la loi, tous les collaborateurs des terroristes du M23 en République démocratique du Congo. Le même message s’adresse à la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco) à laquelle ces jeunes demandent d’interdire immédiatement à son sous-traitant ESKO de ne plus acheter le lait « Inyange » et autres produits rwandais pour nourrir ses contingents dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri. Car, poursuit la déclaration, « cet argent sert à soutenir le groupe terroriste ethnico-génocidaire du M23 ».
A la suite des derniers affrontements armés entre les FARDC et le M23, plusieurs populations du territoire de Rutshuru et Nyiragongo ont été contraintes d’abandonner leurs milieux naturels de vie; les uns se sont repliés à Rutshuru centre et à Kiwanja pendant que d’autres (ceux de Jomba) ont franchi la frontière congolo-ougandaise pour trouver asile dans la localité voisine de Kisoro.
Landry Amisi
Ouragan FM