Charles Onana, politologue et journaliste d’enquête franco-camerounais, a publié un livre captivant intitulé « Holocauste au Congo: l’omerta de la communauté internationale. » Cet ouvrage édifiant plonge ses lecteurs dans les racines du génocide congolais et analyse les causes qui ont conduit à la situation actuelle en République démocratique du Congo, notamment dans sa partie Est. En s’appuyant sur des documents et des analyses approfondies, l’auteur met en lumière les responsabilités des différents acteurs impliqués, qu’il s’agisse des États-Unis, de l’Europe, de l’Ouganda ou du Rwanda.
Pour Charles Onana, l’invasion de la RDC n’a pas commencé en 1997, mais bien quelques années auparavant, dès le génocide rwandais de 1990. Il explique que l’enjeu majeur était l’exploitation minière du Zaïre. En effet, l’idée directrice était de placer un dirigeant à la tête du Rwanda qui serait en mesure d’envahir le Congo pour s’emparer de ses ressources, au profit des entreprises minières occidentales et des intérêts privés anglo-américains, soutenus par certains dirigeants occidentaux. Cette phase fut précédée par une offensive militaire ciblée contre les populations rwandaises, les obligeant ainsi à fuir massivement vers le Congo. Par la suite, cette arrivée massive de réfugiés fut présentée comme une conséquence directe du génocide rwandais.
Paul Kagame a habilement présenté ces réfugiés comme des génocidaires pour détourner toute remise en question concernant leur afflux massif en RDC.
Après l’opération Turquoise menée par la France dans la région, les États-Unis expriment le désir d’envoyer des troupes au Rwanda pour porter secours aux réfugiés déjà présents au Zaïre. Cette démarche semble « illogique » pour l’auteur, car elle implique de refuser l’intervention de l’ONU pour arrêter les massacres et le génocide au Rwanda, mais de permettre ensuite l’afflux de réfugiés au Zaïre pour prétendre ensuite envoyer des troupes pour les protéger, alors qu’on les considère comme génocidaires à Washington et à Kigali.
Cette mission humanitaire américaine, presque clandestine puisqu’elle n’avait pas été soumise à l’appréciation du Conseil de sécurité de l’ONU, était appelée « Support Hope » et résultait d’un ordre direct du président américain Clinton. Ce dernier rassura le Congrès en déclarant que les forces américaines ne seraient pas impliquées dans des hostilités au Rwanda. Cependant, l’auteur s’étonne du fait que ces troupes soient principalement chargées de protéger les troupes et de sécuriser l’aéroport de Kigali, alors même que le danger semblait écarté à Kigali.
Par la suite, le gouvernement américain décida d’envoyer des troupes à Goma, ainsi que des logisticiens et des psychologues, en soutien à l’opération Turquoise menée par la France.
Le livre retrace également l’évolution politique de la RDC, et notamment celle de Mobutu, qui ne répondait plus aux attentes américaines suite à l’arrivée de Clinton à la Maison Blanche. Selon l’auteur, une fois l’idée maîtresse installée de s’emparer des richesses congolaises, il ne restait plus qu’à trouver un dirigeant qui serait enclin à livrer le Congo-Zaïre à l’appétit des investisseurs étrangers.
Au mois d’août 1996, les populations de la région des hauts plateaux d’Uvira, au Sud-Kivu, ont commencé à voir des personnes prétendant être des techniciens en prospection pour des projets de développement. En réalité, il s’agissait de militaires de l’APR infiltrés au Zaïre, rejoints par d’autres soldats rwandais en septembre. Le 18 octobre 1996, l’AFDL fut officiellement créée, rassemblant des Tutsis rwandais, des Ougandais et des Angolais dans le but de renverser Mobutu.
Suite aux accords conclus avec ses alliés de circonstance, Laurent-Désiré Kabila prit le pouvoir, et l’impunité fut sciemment organisée par l’infiltration ou l’intégration de criminels de guerre et de criminels contre l’humanité dans l’armée congolaise. Le major tutsi rwandais, James Kabarebe, prit ainsi les commandes de l’armée congolaise en tant que chef d’état-major, nommant plusieurs Tutsis rwandais à des postes stratégiques au sein des forces terrestres, du renseignement militaire, des forces aériennes et même de la marine. Ces criminels avaient tenté d’effacer les preuves de leurs crimes en incinérant les corps de leurs victimes, en créant des fosses communes ou en jetant les corps dans le lac Kivu avant d’entrer dans l’armée congolaise.
En 1998, après la victoire de Laurent-Désiré Kabila, celui-ci réalisa que ses alliés de circonstance, notamment les Américains et Paul Kagame, complotaient contre lui. Ils cherchaient un Congolais plus conciliant vis-à-vis de Kigali et de Kampala, car Laurent-Désiré commençait à trouver inacceptable l’injustice faite aux Congolais et à la RDC. Malheureusement, il fut assassiné le 16 janvier 2001, dans des circonstances encore non élucidées à ce jour.
C’est alors que Joseph Kabila, formé par l’Armée patriotique rwandaise de Paul Kagame, lui succéda immédiatement, avec le soutien de Paris et de Washington.
En 2004, les Banyamulenge reprirent la guerre à Bukavu, au Sud-Kivu, sous couvert du RCD conduit par Jules Mutebutsi, soutenu par le Rwanda. Malgré la résistance farouche du général congolais Nabyolwa, il se heurta au gouverneur du Sud-Kivu, Xavier Ciribanya, qui lui proposa de participer au coup d’État, proposition qu’il refusa cat