Dans un tournant politique et judiciaire marquant, la République Démocratique du Congo (RDC) est au cœur d’une controverse après la nomination d’un nouvel ambassadeur au Japon. Cette nomination survient suite au rappel définitif de l’ancien ambassadeur, Ramazani Bin Kithima, en poste depuis fin 2019. Cependant, un proche collaborateur de ce dernier a vivement réagi, mettant en lumière une série de décisions juridiques et politiques intrigantes.
L’élément déclencheur de cette polémique est l’arrêt du Conseil d’État, référencé sous l’intitulé RAP 007 et daté du 19 Juin 2023. Cet arrêt a annulé des décisions antérieures, les qualifiant d’illégales, prises par l’ancienne Ministre TUMBA NZEZA à l’encontre de Mr Ramazani. Plutôt que d’appliquer sans réserve cet arrêt en réintégrant Ramazani dans ses fonctions, le Ministre LUTUNDULA a adopté une approche plus nuancée, en accélérant le processus de nomination d’un nouveau titulaire pour le poste d’ambassadeur au Japon.
Sur le plan juridique, cette manœuvre soulève des questions cruciales. Étant donné que l’affaire était encore en instance devant la justice pendant quatre longues années avant le prononcé de cet arrêt, certains experts soulignent que le Ministre LUTUNDULA aurait dû s’abstenir de proposer un candidat alternatif au Gouvernement Japonais. En effet, tant que la justice ne s’était pas prononcée sur le dossier, une telle démarche est sujette à controverse.
Les critiques fusent contre le Ministre LUTUNDULA pour ce qu’ils perçoivent comme un contournement des principes fondamentaux de droit et un affaiblissement de l’indépendance judiciaire. Cette tactique, bien qu’apparemment légale, a jeté un doute sur la capacité du pouvoir judiciaire à faire respecter les lois nationales et a remis en question la confiance envers le système judiciaire.
Un éminent avocat du pays affirme que dans d’autres contextes juridiques, une telle ordonnance aurait pu être contestée devant le Conseil d’État, notamment en raison du moment choisi pour son émission.
Ramazani Bin Kithima, directement concerné par ces événements, a adopté une posture calme malgré les circonstances. Il a cependant souligné que l’ordonnance émise par le Ministre LUTUNDULA avait des implications bien au-delà de son cas personnel. Il a déclaré qu’en entérinant cette décision, le Chef de l’État a malheureusement cautionné une injustice manifeste et a potentiellement ébranlé les fondements du système démocratique et de l’État de droit qu’il a toujours prônés.
En somme, cette affaire de nomination d’ambassadeur au Japon, en apparence un simple acte administratif, a pris une dimension bien plus profonde en exposant les failles potentielles du système judiciaire et en soulevant des questions fondamentales sur la séparation des pouvoirs et l’État de droit en RDC. Les réactions variées qu’elle a suscitées montrent que cette affaire est loin d’être close et qu’elle pourrait avoir des répercussions durables sur le paysage politique et juridique congolais.