La piraterie cinématographique, telle une marée montante dans l’océan numérique, a connu une expansion spectaculaire au cours de l’année 2021, engendrant des conséquences économiques considérables pour l’industrie du cinéma. Les chiffres récemment publiés par le site américain Akamai en collaboration avec le cabinet d’analyse de données MUSO, dans leur rapport du 30 janvier dernier, dévoilent une réalité économique implacable : le piratage de films et de séries a augmenté de manière significative, enregistrant une croissance de 16 % par rapport à l’année précédente.
Le mastodonte du cinéma hollywoodien, « Godzilla vs Kong, » s’est malheureusement hissé au sommet du classement peu envié des films les plus piratés de l’année 2021. Les chiffres issus de cette collaboration entre Akamai et MUSO montrent une hausse de 16 % du piratage, mesurée en fonction du nombre de visites d’internautes, entre janvier et septembre 2021, sur les sites dédiés au piratage.
Cette période révélatrice a été marquée par une demande mondiale de piratage atteignant un sommet vertigineux de 3,7 milliards de diffusions en streaming et de téléchargements illégaux. Plus de 61,5 % des visiteurs de ces sites pirates ont directement accédé à des contenus piratés. Cependant, il est impératif de souligner que le véritable coût de cette pratique va bien au-delà de la simple privation financière subie par l’industrie cinématographique.
Selon Steve Ragan, chercheur en sécurité chez Akamai et auteur du rapport, le piratage ne se limite pas à un simple vol de films et d’autres contenus, mais inflige des pertes bien plus profondes. Il déclare, non sans indignation, que « l’impact du piratage va bien au-delà du vol de films et d’autres contenus. Le coût réel est payé en coulisses, avec la perte des moyens de subsistance de tous ceux qui travaillent à la création des films, des séries, des livres et des logiciels que nous regardons et utilisons tous. »
Les prévisions alarmistes émises par les spécialistes depuis 2017 ont trouvé une confirmation implacable en cette année 2021. Le piratage de films et de séries s’est érigé en véritable gouffre économique, dont l’industrie du cinéma, en particulier à Hollywood, devra désormais composer.
Un Déficit Économique de 29,2 Milliards de Dollars pour les États-Unis
Chaque année, le fléau de la piraterie cinématographique inflige une perte économique colossale à l’économie américaine, s’élevant à 29,9 milliards de dollars, selon les données émanant du Global Innovation Policy Center de la Chambre de commerce américaine. Cette perte est d’autant plus préoccupante que les studios Disney et Warner sont les producteurs des films les plus piratés, amplifiant ainsi l’impact économique sur le sol américain.
Contrairement à l’idée préconçue que les États-Unis sont le terreau privilégié des visiteurs de sites de piratage, le rapport d’Akamai révèle une réalité surprenante. En effet, l’Inde se place en tête du classement comme la principale source de trafic pour l’ensemble des données relatives au secteur cinématographique, suivie par la Turquie et les États-Unis. Ce constat est corroboré par MUSO, qui indique que le cinéma représente le troisième secteur le plus touché par la piraterie, talonné par l’édition et les séries télévisées.
Des Pertes En Accord avec les Prévisions de 2017
En 2017, une étude réalisée par Digital TV Research laissait déjà entrevoir un sombre avenir, annonçant un déficit dépassant les 50 milliards de dollars pour l’année 2022. Cette étude, menée dans 138 pays, anticipait un chiffre d’affaires de 85 milliards de dollars pour l’année 2022, concernant les films et séries disponibles légalement en ligne. Autrement dit, les pertes liées au piratage en 2022 devraient représenter les deux tiers de ce chiffre d’affaires, généré par les contenus disponibles légalement.
La conjoncture économique actuelle corrobore ces prévisions, révélant que le piratage dans l’industrie du septième art semble destiné à perdurer et s’amplifier au cours des années à venir. Face à cette situation, les entreprises productrices de films et de séries se trouvent dans l’obligation de trouver des solutions pour pallier ces pertes. La nouvelle chronologie des médias pourrait bien leur offrir un répit.
Les plateformes de streaming telles que Netflix ont pris l’initiative de rendre les films disponibles en streaming moins de six mois après leur sortie en salle. Cette révolution dans la chronologie des médias dissuade les internautes de recourir au piratage. En 2021, les studios Warner avaient d’ailleurs annoncé la sortie simultanée de leurs futurs films en salle et en streaming via HBO. Une initiative qui pourrait bien devenir la norme pour contrer le fléau de la piraterie cinématographique et préserver l’économie du cinéma.