Kinshasa, le 29 octobre 2023 – Accusé d’avoir négocié un contrat jugé controversé avec le cabinet d’avocats sud-africain, Centurion Law Group, au nom de la République démocratique du Congo, dans le cadre de l’affaire Glencore, Thierry Mbulamoko, coordonnateur de l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (ALPC), a été suspendu en début de semaine. Cette suspension fait suite à la demande de paiement de 36 millions de dollars américains émise par Centurion Law Group à l’État congolais, une somme équivalant à environ 20% des dommages et intérêts de 180 millions de dollars versés par Glencore suite au règlement du litige.
Face à cette situation complexe, Emmanuel Umpula, directeur exécutif d’Afrewatch, une organisation citoyenne active dans la promotion de la transparence dans le secteur extractif, a partagé son point de vue dans une interview exclusive accordée à MINES.CD. Selon lui, les répercussions de l’accord conclu entre Kinshasa et Glencore sont le fruit du combat acharné mené par la société civile, et en conséquence, il estime que la totalité de la somme payée dans le cadre de cet accord devrait revenir de droit au peuple congolais et non à une entreprise privée.
Emmanuel Umpula souligne que Glencore devrait, en toute logique, verser davantage au pays compte tenu des bénéfices qu’il a générés entre 2007 et 2018 sur le territoire congolais. Réduire la part de Glencore au profit d’un cabinet d’avocats est qualifié par Umpula d’inacceptable pour tout citoyen congolais digne de ce nom.
Sur la question de la suspension de Thierry Mbulamoko, Emmanuel Umpula laisse le soin à la justice de faire toute la lumière sur le moment où les négociations ont eu lieu. Il reste cependant catégorique sur un point : un Congolais n’a pas vocation à négocier un tel contrat. Il est d’avis que le rôle de l’APLC est d’assister l’État congolais, et si l’agence n’est pas en mesure de le faire, cela devrait être inacceptable pour tout citoyen congolais.
Le maintien des sanctions contre Dan Gertler
Emmanuel Umpula aborde également la question des sanctions américaines contre Dan Gertler, homme d’affaires israélien actif dans le secteur minier en RDC. Il explique que les récents mouvements citoyens, notamment les marches et les sit-ins, font partie d’une démarche démocratique visant à maintenir les sanctions américaines tant que la RDC n’aura pas recouvré ses droits, en particulier dans le secteur minier, où les redevances perçues par des entreprises telles que Metalco, KCC et Mutanda Mining sont en jeu.
Emmanuel Umpula met en garde contre les conséquences négatives d’une levée des sanctions, notamment si les entreprises liées à Dan Gertler ne reversent pas les redevances, ayant déjà largement bénéficié de leurs investissements. Il insiste sur l’importance de rendre justice à la RDC en restituant pleinement les droits du peuple congolais, y compris les redevances minières.
Dans le contexte actuel, il est clair que la société civile congolaise continue de jouer un rôle crucial dans la défense des droits et des intérêts de la population, et le maintien des sanctions contre Dan Gertler demeure une revendication majeure de cette mobilisation citoyenne.
Manassé Kitemoko Kosi
Kinshasa, le 29 octobre 2023