Par Manassé Kitemoko Kosi
La République démocratique du Congo (RDC) traverse une crise de déplacement interne sans précédent, avec un nombre record de 6,9 millions de personnes contraintes de fuir leur foyer, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Ces déplacements massifs, qui ont atteint un sommet historique en octobre 2023, sont principalement concentrés dans les provinces de l’est, notamment le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l’Ituri et le Tanganyika, qui abritent environ 5,6 millions de personnes déplacées, soit 81 % du total.
Le conflit est identifié comme la principale cause de cette crise humanitaire majeure. La province du Nord-Kivu, en particulier, est le théâtre d’un conflit en cours avec le groupe rebelle « Mouvement du 23 Mars » (M23), soutenu par le Rwanda, qui a entraîné le déplacement d’un million de personnes, exacerbant une situation déjà catastrophique.
Presque 4,8 millions de ces déplacés vivent au sein de familles d’accueil, qui, malgré leur générosité, sont souvent débordées par les besoins croissants.
Face à la détérioration continue de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, les déplacements se multiplient, et avec eux, les besoins humanitaires.
Le chef de mission de l’OIM en RDC, Fabien Sambussy, souligne la gravité de la situation en déclarant : « Le peuple congolais traverse une série de crises depuis des décennies. L’escalade récente du conflit a déplacé davantage de personnes en moins de temps que ce que l’on a rarement vu. Nous devons apporter une aide urgente à ceux qui en ont le plus besoin. »
L’OIM s’efforce d’apporter un soutien vital aux personnes déplacées à travers la gestion de 78 sites de déplacement, qui abritent plus de 280 000 personnes. En 2023, 3 347 abris d’urgence ont été érigés, 7 715 kits d’articles non alimentaires, contenant des fournitures essentielles, ont été distribués, et 17 116 personnes ont bénéficié d’une assistance en eau, assainissement et hygiène. De plus, l’OIM renforce les services de santé mentale et de soutien psychosocial pour les résidents des sites qui font face à une détresse psychologique.
L’Organisation vise à soutenir 10 000 autres ménages, soit 50 000 personnes, au cours des trois prochains mois. Toutefois, il est important de noter que de nombreuses personnes désespérément dans le besoin luttent pour satisfaire leurs besoins essentiels.
Malheureusement, les opérations de l’OIM en RDC restent gravement sous-financées, avec moins de la moitié (37 %) des 100 millions de dollars demandés reçus à ce jour. Alors que les conflits persistent et que la violence s’intensifie, la RDC est confrontée à l’une des plus grandes crises de déplacement interne et humanitaire au monde.
Cette situation met en évidence l’urgence d’une réponse internationale soutenue pour faire face à cette crise humanitaire qui touche des millions de vies en RDC.