Le service de migration de la République Démocratique du Congo a pris une mesure radicale en interdisant aux véhicules portant l’immatriculation burundaise de traverser la frontière congolaise pour se ravitailler en carburant à la frontière de Kavimvira, à Uvira (Sud-Kivu).
Cette décision, en vigueur depuis mercredi 19 juin, a été appliquée avec fermeté par le chef du poste frontalier, Séraphin Shabani, sur instruction de sa hiérarchie. L’objectif affiché est de réguler la circulation des véhicules et les activités à la frontière entre la RDC et le Burundi.
Cette mesure intervient à la suite d’un incendie survenu la semaine dernière dans la « zone neutre », lieu où des affrontements ont éclaté. Bien que l’incident n’ait pas fait de victimes, les dégâts matériels ont été considérables, avec un véhicule et des biens incendiés, entraînant un embouteillage au marché de carburant de Kavimvira et perturbant la circulation des personnes et des biens.
Cette décision de la migration congolaise suscite des réactions contrastées dans la région. Si certains usagers saluent cette mesure jugée salvatrice, notamment pour la sécurité, d’autres, en particulier les petits commerçants de carburant, la perçoivent comme un obstacle à leurs activités. En effet, ces derniers estiment que cette interdiction risque de compromettre leurs échanges commerciaux, notamment avec les Burundais, et de les exposer à des tracasseries de la part des autorités burundaises en réaction à cette restriction d’approvisionnement en carburant.
Les petits commerçants transfrontaliers demandent ainsi la création d’un marché commun avec les Burundais à la frontière de Kavimvira, ainsi qu’une protection contre les tracasseries policières et douanières. Cette décision impacte déjà les activités au Burundi, où des témoins signalent une pénurie de carburant.
Contactés à la frontière de Kavimvira, des conducteurs burundais en provenance de Bujumbura soulignent que leur pays compte sur la RDC, via le Sud-Kivu, pour faire face aux prix élevés du transport en commun.
Cette mesure, bien qu’elle vise à réguler les échanges à la frontière, suscite des inquiétudes quant à ses impacts économiques et sociaux. Les autorités devront donc trouver un équilibre entre la sécurité et la fluidité des échanges transfrontaliers pour éviter de pénaliser les populations locales et les petits commerçants.
Rédaction : L’équipe éditoriale