Kinshasa — Seth Kikuni, une figure montante de l’entrepreneuriat et ancien candidat à l’élection présidentielle de 2018, a fait une apparition inattendue après plusieurs semaines de silence qui avaient alimenté les spéculations sur son sort. Selon des informations récemment relayées par des sources proches de sa famille, Kikuni a été présenté au parquet général pour être auditionné sur des accusations jugées « infondées » par ses proches.
« Il a été ramené à l’Agence nationale de renseignements (ANR) après l’audition, mais reste à la disposition du parquet. Il est désormais possible pour sa famille et ses avocats de lui rendre visite », a confirmé une source proche du dossier. Cette déclaration vient en réponse à l’inquiétude croissante parmi ses partisans, qui ont régulièrement exigé des preuves de vie et dénoncé ce qu’ils considèrent comme une détention arbitraire.
La pression populaire n’a cessé de monter depuis l’arrestation de Kikuni, qui a toujours affirmé son indépendance vis-à-vis du pouvoir en place. Pour ses partisans, son traitement actuel est perçu comme une manœuvre politique visant à museler une voix dissidente dans un climat déjà tendu à l’approche des prochaines élections. Claudel Lubaya, une personnalité politique bien connue, a vigoureusement réagi, dénonçant une situation qu’il qualifie de « feinte de justice » par les autorités. « Acculé par la pression populaire, le pouvoir de Kinshasa tente de gagner du temps en montrant des signes de vie de Seth Kikuni, mais cela ne trompe personne », a-t-il déclaré.
Pendant ce temps, les avocats de Kikuni ont déposé une demande de liberté provisoire, espérant obtenir une issue favorable dans les prochains jours. Le Cadre de concertation des forces politiques et sociales, une plateforme regroupant plusieurs mouvements citoyens et partis politiques, appelle à une mobilisation citoyenne accrue pour que Seth Kikuni recouvre « sa pleine liberté ». Dans un climat où la défiance à l’égard des institutions judiciaires et sécuritaires est forte, ce mouvement cherche à maintenir la pression pour que la situation ne se solde pas par une prolongation de la détention.
Cette affaire met en lumière, une fois de plus, les tensions entre les autorités et certains acteurs politiques et sociaux en RDC. Dans un contexte où la liberté d’expression est souvent pointée du doigt par les organisations de défense des droits de l’homme, le cas de Seth Kikuni est rapidement devenu un symbole des défis auxquels le pays fait face en matière de droits civils et politiques.
Peter MOYI