L’interprétation de l’article 217 de la Constitution de la République Démocratique du Congo (RDC) alimente un débat vif et tendu entre le régime actuel et l’opposition. Lors d’un discours tenu à Lubumbashi, Félix Tshisekedi a ouvertement critiqué cette disposition, la qualifiant de compromis de la souveraineté nationale au profit d’autres États africains. Une déclaration qui, loin d’apaiser les tensions, a suscité de vives réactions au sein de la classe politique et au-delà.
« Une méprise flagrante du texte constitutionnel »
Martin Fayulu, leader du parti ECIDé, n’a pas tardé à exprimer son désaccord face à cette prise de position du chef de l’État. Sur la plateforme X (anciennement Twitter), il a dénoncé une interprétation qu’il juge erronée :
« L’article 217 vise à promouvoir l’unité africaine. Il est indispensable que Félix Tshisekedi relise le dernier alinéa de l’article 214, qui protège l’intégrité territoriale par un référendum populaire. »
Fayulu souligne que les véritables enjeux pour la RDC ne résident pas dans un remaniement constitutionnel, mais dans des réformes structurelles visant à améliorer les conditions de vie des citoyens et préserver l’intégrité territoriale. Selon lui, l’insistance sur cet article détourne l’attention des priorités nationales, telles que la lutte contre la corruption et la gestion inefficace des ressources publiques.
Une opposition unie dans la critique
Delly Sessanga, une autre figure emblématique de l’opposition, a également condamné les propos du président Tshisekedi, les qualifiant de « diversions inutiles » face aux défis critiques que traverse le pays. « Ce débat autour de l’article 217 est une manœuvre pour masquer l’incapacité du gouvernement à résoudre les crises dans l’Est de la RDC, » a-t-il déclaré.
Alors que la classe politique s’enlise dans cette controverse, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, a défendu la position du chef de l’État, décrivant l’article comme une source des problèmes qui minent la région orientale du pays. Ses propos, souvent polémiques, ont cependant renforcé les divisions déjà existantes au sein de l’opinion publique.
Un débat aux dimensions panafricaines
Il est important de noter que l’article 217 de la Constitution congolaise n’est pas une exception. Des dispositions similaires existent dans plusieurs constitutions africaines, notamment celles du Bénin, de la Côte d’Ivoire ou encore du Tchad, où elles visent à renforcer les liens entre les États membres. Cette uniformité soulève une question essentielle : pourquoi cet article suscite-t-il une telle discorde en RDC, alors qu’il est relativement accepté ailleurs ?
Un engagement constitutionnel remis en question
Ironiquement, lors de sa prestation de serment en janvier dernier, Félix Tshisekedi s’était engagé à respecter et à défendre la Constitution du pays. Pourtant, ses déclarations récentes remettent en cause cet engagement, donnant l’impression d’une posture politique fluctuante.
Dans ce climat de méfiance généralisée, la société civile observe avec inquiétude ces querelles qui, selon certains analystes, risquent d’affaiblir davantage la cohésion nationale.
Face à ce tumulte, une question demeure : la classe politique congolaise saura-t-elle transcender ses divergences pour placer les intérêts du peuple au cœur des débats ?
Par Peter MOYI