Le président Félix Tshisekedi a récemment suscité une vive controverse en évoquant, lors de ses discours à Kisangani et Lubumbashi, la possibilité de modifier ou de réviser la constitution congolaise. Son intervention, qualifiant l’article 217 de « vente de la souveraineté » nationale à d’autres États africains, a immédiatement enflammé le débat politique. L’opposition, représentée notamment par Martin Fayulu et Delly Sesanga, n’a pas tardé à réagir.
Martin Fayulu, figure emblématique de l’opposition, a dénoncé cette démarche, affirmant que le chef de l’État et son entourage témoignent d’une méconnaissance inquiétante des textes fondamentaux de la République. « Peuple congolais, ne vous laissez pas intimider par Tshisekedi. Il parle d’un article qu’il ne semble pas comprendre. Qu’il lise l’article 217 et le compare avec l’article 214. Cette méconnaissance est préoccupante, tant de sa part que de celle de sa première ministre », a déclaré Fayulu lors d’une intervention ce lundi 18 novembre.
Un désaccord sur l’adhésion à l’EAC
La controverse ne s’arrête pas là. Le président de l’Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECIDé) a également critiqué l’adhésion de la RDC à la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Selon lui, cette décision, prise sans consultation approfondie, compromet davantage la souveraineté nationale. « A-t-il réellement évalué les conséquences de cette adhésion ? Qu’a-t-il gagné en échange ? », s’interroge Fayulu.
Pour l’opposant, les priorités du gouvernement devraient se concentrer sur des actions concrètes : « Qu’il m’indique un seul article de la constitution qui l’empêche de récupérer Bunagana et les localités occupées par le M23. Qu’il m’explique ce qui justifie la tolérance face à la corruption ou l’incapacité à améliorer les conditions sociales des Congolais. Cela n’existe pas. »
Les ambitions présidentielles face aux critiques
Félix Tshisekedi, de son côté, défend sa position. Lors de ses discours, il a annoncé la création d’une commission en 2025, chargée de proposer des amendements à la constitution pour remédier aux « failles » identifiées. Une démarche qui, selon lui, vise à renforcer les institutions et à garantir une gouvernance adaptée aux réalités du pays.
Cependant, l’opposition reste sceptique. Pour Martin Fayulu, cette initiative est perçue comme une tentative de détourner l’attention des véritables défis auxquels la RDC est confrontée. « Les Congolais ne se laisseront pas manipuler. Ensemble, nous empêcherons toute atteinte à nos droits et à notre souveraineté », a-t-il conclu, appelant la population à rester vigilante.
Entre les déclarations du président et les mises en garde de l’opposition, le débat sur la constitution reflète des tensions profondes au sein de la classe politique congolaise. L’enjeu dépasse les simples questions juridiques : il interroge sur l’avenir de la souveraineté et de la gouvernance en RDC.
Peter MOYI