Une nouvelle coalition politique émerge en République Démocratique du Congo, réunissant d’anciens adversaires pour contrer les réformes constitutionnelles envisagées par le président Félix Tshisekedi. Parmi les figures clés de cette alliance figurent Moïse Katumbi, Joseph Kabila et Martin Fayulu, trois poids lourds de la scène politique congolaise, décidés à freiner un projet jugé dangereux pour l’équilibre institutionnel du pays.
« La Constitution de notre pays ne peut être manipulée au gré des intérêts politiques du moment », a déclaré un porte-parole de l’opposition lors d’un récent rassemblement à Kinshasa. Pour les membres de ce bloc, toute modification constitutionnelle visant à étendre les pouvoirs présidentiels ou à prolonger un mandat représenterait une menace directe pour la stabilité démocratique acquise difficilement depuis 2006.
Une alliance inédite, mais pragmatique
Le projet de révision de la Constitution, proposé par l’entourage de Félix Tshisekedi, s’inscrit officiellement dans une volonté de « modernisation des institutions ». Toutefois, cette initiative suscite une levée de boucliers. Les critiques pointent un risque de concentration du pouvoir exécutif, alimentant les craintes d’un recul démocratique.
Dans ce contexte, Moïse Katumbi, autrefois allié du président, rejoint Joseph Kabila, ancien chef de l’État, et Martin Fayulu, figure emblématique de l’opposition, pour former un front commun. Cette union pragmatique transcende les rivalités passées, chaque acteur mettant de côté ses ambitions personnelles pour défendre une cause perçue comme plus grande : le respect des principes démocratiques.
« Ce n’est pas une question de personnes, mais de préserver les acquis de la République », a insisté un membre influent de cette coalition, lors d’une intervention publique.
l’enjeu des équilibres institutionnels
L’alliance s’appuie sur un argument central : la préservation de l’équilibre des pouvoirs. Depuis l’adoption de la Constitution en 2006, le texte a servi de garde-fou contre les tentations autoritaires. Selon les opposants, toucher à ces dispositions reviendrait à fragiliser l’État de droit.
Les figures de l’opposition, conscientes des tensions que ce débat peut générer au sein de la population, appellent à une mobilisation citoyenne pour défendre la Constitution. Des manifestations pacifiques pourraient être organisées dans les semaines à venir, bien que l’objectif principal demeure la pression politique exercée par cette coalition sur les institutions et les partenaires internationaux.
un avenir politique incertain
Cette dynamique d’opposition met en lumière l’instabilité croissante de la classe politique congolaise à l’approche des élections. Si Félix Tshisekedi entend légitimer ses réformes comme une nécessité pour « bâtir un État plus moderne », ses détracteurs dénoncent une stratégie visant à consolider son pouvoir. Cette lutte de positionnement reflète des intérêts profondément divergents sur la vision politique du pays.
L’unité au sein de cette coalition tiendra-t-elle face aux ambitions personnelles et aux agendas divergents des différents acteurs ? Cette question reste ouverte, mais l’alliance a d’ores et déjà réussi à imposer le débat sur la scène nationale et internationale.
Peter MOYI