La détention prolongée de l’entrepreneur congolais Mboyo Ilombe, plus connu sous le nom de Pelé Mongo, continue de susciter une vive polémique. Acquitté par le Tribunal de paix de Kinshasa-Gombe, il y a de cela quatre jours, faute de preuves, il demeure pourtant enfermé à la prison centrale de Makala. Cette situation met en lumière des dysfonctionnements persistants dans l’exécution des décisions judiciaires en République démocratique du Congo.
Selon des sources proches du dossier, sa libération serait conditionnée à une autorisation émanant du ministère de la Justice, une procédure qui interroge sur le respect de l’indépendance de la justice. Cette attente prolongée a poussé des voix à s’élever, notamment celle du Centre de réflexion juridique de lutte contre l’impunité (CRJLI), qui qualifie cette situation de dérive préoccupante. Pour Franck Kalolo, coordonnateur de l’organisation, cette affaire illustre un problème systémique plus large :
« Comment peut-on accepter que des décisions de justice, exécutoires au nom du Président de la République, soient bloquées par des considérations administratives ? Cela remet en question l’autorité même des juges. »
Ce retard inexplicable, perçu comme une entrave volontaire, a conduit M. Kalolo à envisager une action en justice contre la direction intérimaire de la prison de Makala. Il accuse cette dernière d’agir en rébellion face à un verdict légalement prononcé. Au-delà de cette affaire particulière, l’activiste pointe du doigt une tendance inquiétante où des intérêts politiques semblent prendre le pas sur la justice.
Les proches de Pelé Mongo, tout comme ses défenseurs, dénoncent une détention injustifiée et appellent à une mobilisation pour garantir la libération immédiate de l’entrepreneur. Pour eux, cette affaire dépasse le simple cas individuel et reflète des lacunes structurelles dans la gestion des affaires judiciaires en RDC. Certains y voient même une tentative de pression ou d’intimidation politique, le nom du ministre de la Justice étant cité à plusieurs reprises dans ce dossier.
Mboyo Ilombe, qui a passé plus de quatre mois en détention, avait été accusé de trafic d’influence dans un dossier sensible. Malgré son acquittement, ce climat d’incertitude laisse planer des doutes sur l’impartialité des mécanismes administratifs qui régissent les libérations des détenus. Cette affaire, devenue symbole d’une justice parfois instrumentalisée, interpelle sur la nécessité de réformes urgentes pour restaurer la confiance des citoyens envers les institutions judiciaires.
Alors que l’opinion publique s’indigne, cette situation met à l’épreuve la capacité de l’État à garantir un véritable respect des droits fondamentaux. Les observateurs appellent à une action rapide et transparente pour corriger ces dysfonctionnements et éviter que de tels cas ne ternissent davantage l’image de la justice congolaise.
Peter MOYI