La République Démocratique du Congo (RDC) traverse une nouvelle phase critique dans ses relations tendues avec le Rwanda. L’annulation du sommet tripartite prévu à Luanda entre Félix Tshisekedi, Paul Kagame, et João Lourenço, médiateur angolais, est perçue par Kinshasa comme une manœuvre visant à entraver les efforts de pacification dans l’est du pays.
La rencontre, attendue depuis plusieurs semaines, devait offrir une occasion d’avancer sur des questions cruciales, comme le retrait des troupes rwandaises des territoires congolais et la neutralisation des forces rebelles opérant dans la région. Cependant, Kigali a exigé, à la dernière minute, l’ouverture d’un dialogue direct entre Kinshasa et le mouvement rebelle M23. Cette demande a immédiatement été rejetée par la RDC, qui considère cette faction comme un groupe terroriste impliqué dans des exactions graves contre les populations civiles.
Pour les autorités congolaises, l’attitude du Rwanda révèle une stratégie délibérée de torpillage des efforts internationaux. “Nous ne pouvons pas légitimer des criminels par des négociations directes”, a déclaré une source proche de la présidence congolaise. En toile de fond, les accusations de soutien direct du Rwanda aux rebelles du M23 continuent d’empoisonner les relations bilatérales, malgré les appels répétés à une désescalade.
Le processus de paix engagé sous l’égide de l’Angola peine à produire des résultats concrets. En dépit d’un cessez-le-feu signé en août 2024, la situation sur le terrain reste volatile. Le M23, loin de désarmer, consolide son emprise sur des territoires stratégiques dans le Nord-Kivu, augmentant les tensions avec les Forces armées congolaises et les milices locales. Les populations civiles, prises entre plusieurs fronts, subissent une violence accrue et des déplacements massifs.
Face à cet échec apparent de la médiation régionale, Kinshasa appelle à une intervention plus ferme de la communauté internationale. “Le Rwanda joue un double jeu dangereux qui compromet la stabilité de toute la région des Grands Lacs”, a affirmé Erik Nyindu Kibambe, porte-parole de la présidence congolaise. Pour les autorités congolaises, il est temps que les acteurs internationaux prennent des mesures concrètes pour isoler Kigali diplomatiquement et économiquement.
Dans ce contexte, la situation sécuritaire à l’Est de la RDC demeure une bombe à retardement. L’absence de consensus entre Kinshasa et Kigali alimente un cycle de méfiance et de confrontation, rendant incertaine toute perspective de paix durable. Alors que les acteurs régionaux et internationaux tentent de réanimer le dialogue, le fossé entre les positions des deux pays ne cesse de se creuser.
M.KOSI