Kinshasa, le 27 décembre 2024 – À Kindu, le jeudi 26 décembre, Augustin Matata Ponyo Mapon, ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo, a pris position dans une controverse qui divise le pays. Face au projet de réforme constitutionnelle porté par le président Félix-Antoine Tshisekedi, Matata a tenu à rappeler que de nombreuses réalisations majeures ont été accomplies sous le cadre légal actuel, mettant ainsi en cause la nécessité d’une telle initiative.
Dans une déclaration devant ses partisans, Matata Ponyo a fait le lien entre les progrès observés durant son mandat et l’actuelle Constitution, qu’il qualifie de « solide fondation » pour le développement. Prenant l’exemple de plusieurs infrastructures routières, de la stabilité monétaire ou encore de la création de la compagnie nationale d’aviation civile, il a affirmé que ces avancées n’avaient nécessité aucune modification constitutionnelle. Il a également dénoncé l’argument selon lequel la hausse des prix serait imputable à cette même Constitution, qualifiant cette rhétorique de « fausse justification« .
S’exprimant en swahili devant une foule conquise, il a lancé : « Le travail et la Constitution sont deux choses distinctes. Ce que nous avons accompli à l’époque montre bien que ce texte n’a jamais été un frein. C’est cette même Constitution qui a permis de construire des hôpitaux, des universités, et de stabiliser le taux de change. Pourquoi prétendre aujourd’hui qu’elle est responsable des échecs actuels ?« . Ces propos ont suscité des applaudissements nourris dans l’assemblée.
Au-delà de cette prise de position, Matata Ponyo s’inscrit dans une dynamique plus large de contestation. À l’étranger, des figures influentes comme Joseph Kabila et Moïse Katumbi auraient également manifesté leur opposition à cette réforme lors d’une rencontre en Éthiopie. Ce front commun de l’opposition reflète une volonté de préserver le texte actuel face à ce qui est perçu comme une tentative de recentralisation du pouvoir par le camp présidentiel.
Le président Tshisekedi, dans son dernier discours devant le Parlement, a pourtant défendu la réforme comme une nécessité pour adapter les institutions aux défis contemporains. Cette vision ne fait cependant pas l’unanimité, et la question soulève de vifs débats tant au sein de la classe politique que dans la société civile.
Dans ce contexte tendu, la voix de Matata Ponyo, s’ajoutant à celle d’autres opposants, met en lumière une fracture grandissante sur l’avenir institutionnel de la RDC. Si la réforme est présentée par ses défenseurs comme une opportunité, ses détracteurs y voient un risque pour la démocratie. Une chose est sûre : cette bataille autour de la Constitution ne fait que commencer.
— Peter MOYI