Dans le territoire de Masisi, ce dimanche 5 janvier, un silence inhabituel a remplacé le fracas des armes. Masisi-Centre, désormais sous contrôle du M23, offre une image troublante : celle d’une localité vidée de son énergie, où seuls les regards inquiets des quelques habitants restants témoignent d’un espoir ténu.
Depuis leur prise de la ville, les rebelles ont tenu à se montrer rassurants, organisant un rassemblement improvisé devant les bureaux administratifs. Des mots de promesse et de sécurité ont été prononcés, mais ils peinent à dissiper les craintes. Car ici, les souvenirs des conflits passés sont encore vivaces, et les discours, aussi bien intentionnés soient-ils, ne suffisent pas à apaiser les cœurs.
Pendant ce temps, la peur continue de se propager dans les villages voisins. Nyabiondo, Bukombo, Loashi : les routes en direction de Walikale sont désormais ponctuées de familles fuyant ce qu’elles redoutent être l’inévitable. À pied, chargées de maigres bagages, elles avancent lentement, le visage fermé, vers une destination incertaine, mais perçue comme plus sûre.
Les témoignages de ces déplacés peignent un tableau sombre. Ils décrivent l’angoisse de rester piégés dans un conflit dont ils ne comprennent pas toujours les enjeux. Ils évoquent l’abandon des champs, des écoles désertées, des vies suspendues au fil des décisions prises bien loin de leur réalité. Le sentiment d’abandon est omniprésent, renforcé par l’absence d’une intervention efficace pour protéger les populations.
Dans cette atmosphère lourde d’incertitude, l’accalmie actuelle ressemble davantage à une pause qu’à une fin des tensions. Le M23 continue de renforcer ses positions, tandis que la communauté internationale reste divisée sur les actions à entreprendre. En attendant, Masisi s’enfonce dans une routine étrange où chaque jour se ressemble, mais où tout peut basculer à tout moment.
Les habitants, eux, gardent un espoir discret. Celui de retrouver une paix durable, de reprendre le fil de leurs vies. Mais ici, dans ce coin du monde oublié, la paix ne s’annonce jamais sans un long et douloureux combat.
— M. KOSI