Depuis Washington, Patrick Muyaya a dénoncé la rencontre des forces socio-politiques réunies autour de Joseph Kabila à Nairobi, parlant d’un rassemblement de « fugitifs » et de « condamnés ». Les participants ont, eux, annoncé la création du « Mouvement Sauvons la RDC » au terme d’un conclave tenu les 14 et 15 octobre à Nairobi.
Le porte-parole du gouvernement a pris ses distances d’emblée. Il a qualifié la réunion d’« affaire accessoire », estimant qu’elle rassemblait des personnalités « liées par la frustration ». Il a ciblé le lieu du rendez-vous, évoquant une capitale qui « commence à devenir une capitale de complot contre la République démocratique du Congo ». « Je n’ai pas besoin de rappeler les tristement célèbres mouvements nés là-bas », a déclaré Patrick Muyaya.
Le responsable gouvernemental a aussi décrit un « climat de nostalgie des privilèges perdus » chez les participants. « Nous relevons la République démocratique du Congo, et cette idée est insupportable pour ceux qui n’ont pas réussi à offrir un tel espace au pays lorsqu’ils étaient aux affaires », a-t-il soutenu, en réaffirmant une lecture positive de la situation depuis l’accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême.
Les griefs et les revendications avancés à Nairobi
Autour de Joseph Kabila, plusieurs responsables politiques et figures de la société civile ont tenu un conclave consacré à « l’avenir du Congo ». La rencontre a débouché sur l’annonce d’un cadre politique baptisé « Mouvement Sauvons la RDC ». Les signataires disent vouloir « mettre fin à la tyrannie », « restaurer la démocratie » et « favoriser la réconciliation nationale ».
Le texte final dresse un état des lieux qu’ils jugent « alarmant » : « crise multiforme », dérives politiques, économiques et sociales. Les auteurs accusent le pouvoir d’avoir « violé la Constitution », « restreint l’espace démocratique » et « instrumentalisé la justice à des fins politiques ». Ils appellent à un dialogue « inclusif et sincère », avec l’appui de la CENCO et de l’ECC, et refusent tout « monologue politique » initié par le président Félix Tshisekedi.
Entre la dénonciation gouvernementale d’une réunion sans portée et la volonté des organisateurs d’installer un nouveau cadre, le différend reste frontal. Le gouvernement reconnaît des défis, tout en maintenant que le pays avance sur le plan institutionnel et économique depuis 2019. Les acteurs réunis à Nairobi promettent de poursuivre leur initiative et de chercher un canal de discussion élargi, sous l’égide des Églises, pour traiter à la fois des questions de sécurité, de gouvernance et de droits civiques.
— M. KOSI

