Par : Lubaya Claudel André
Le mystère plane toujours autour de la tragique disparition de Cherubin Okende. Qui est responsable de sa mort ? Où et quand a-t-il été assassiné ? Quels mobiles obscurs ont pu conduire à cet acte odieux ? Qui sont les commanditaires de ce meurtre glaçant ? Les circonstances de sa mort demeurent encore floues. Des témoins ont-ils assisté à cet acte criminel ? Que révèlent les résultats de l’autopsie, réalisée après un examen méticuleux de l’ossature par des experts en dentition et en balistique ? Où en est l’enquête, et qui est aux commandes de cette recherche cruciale ? Si la piste d’une mort par balle est avérée, que nous apprend le rapport balistique ? Qui détient les preuves matérielles telles que l’arme du crime et les balles découvertes sur la scène du drame ? De quelle unité de l’armée proviennent-elles ? Qui sont les principaux suspects, où se trouvent-ils, et qu’ont-ils à dire ? Quand auront lieu les premières confrontations et la reconstitution des événements ?
Toutes ces questions brûlantes, celles-ci parmi tant d’autres, sont en quête de réponses depuis la tragique disparition du regretté député Cherubin Okende. Le peuple attend avec une impatience justifiée que la lumière soit faite sur cette sombre affaire. Cependant, le voile de l’incertitude persiste, car les autorités semblent s’adonner à des manœuvres dilatoires, rendant la quête de vérité plus ardue que jamais. Le dernier rebondissement en date a été l’arrestation d’un journaliste, Stanis Bujakera, dont le seul crime semble être son affiliation à un média ayant évoqué, dans l’une de ses publications, des éléments préliminaires concernant les circonstances entourant la mort de Cherubin Okende. Pourtant, il ne s’agissait que d’une piste parmi d’autres.
En dépit des révélations de Jeune Afrique et RFI, qui se sont basés sur un rapport présumé des services de sécurité, un document immédiatement contesté par le gouvernement dans une lettre du ministre de l’Intérieur adressée aux médias, il faut reconnaître que ces révélations ont sérieusement ébranlé la version officielle des faits. Cette dernière était soutenue par un haut magistrat qui, sans mâcher ses mots, a affirmé que « l’assassinat aurait été commis avec l’arme du garde du corps du défunt. » Cette hâte et cette dramatisation initiales autour de cette théorie mettent désormais la République dans une position délicate, avec un silence qui perdure autour de ce crime odieux, tachant irrémédiablement le quinquennat en cours du Président Tshisekedi.
Pendant que le pays attend des réponses concrètes à ces interrogations cruciales, Stanis Bujakera se trouve, de manière arbitraire, entre les mains des autorités. Pendant ce temps, les auteurs du crime de Cherubin Okende demeurent dans l’ombre, impunis deux mois après les faits, évoluant en toute impunité. La commission d’enquête semble piétiner, et il semblerait qu’elle compte sur l’oubli progressif de l’opinion publique pour égarer celle-ci loin de la vérité. Or, cette vérité doit éclater au grand jour, car ce crime demeure une tache indélébile sur le quinquennat présidentiel actuel, à moins que toute la lumière ne soit faite.
Il est difficile de concevoir une intention autre que celle de maintenir un silence forcé sur la tragédie entourant Cherubin Okende pour expliquer l’acharnement contre Stanis Bujakera et tout autre individu qui oserait réclamer la vérité. Dans aucun contexte, sauf dans un scénario digne de Kafka, Stanis Bujakera ne peut être le bouc émissaire d’un crime dont il n’est pas l’auteur, ni le commanditaire. Les autorités ont le devoir de se concentrer sur la recherche de la vérité, au lieu de détourner l’attention du public vers une fausse piste, celle d’un journaliste qui n’a fait que son travail, garantissant ainsi la liberté de la presse et d’expression, droits protégés par la Constitution et les lois de la République.
L’arrestation et la détention de Stanis Bujakera ne sont en aucun cas des éléments qui contribueront à faire la lumière sur ce crime sanglant, dont les circonstances demeurent troubles et inexpliquées. La nation attend toujours des réponses, et l’obstruction de la vérité ne fera que prolonger la douleur et l’indignation du peuple congolais. Cherubin Okende mérite justice, et le peuple mérite la vérité.