Dans une récente évolution diplomatique, le Rwanda a manifesté sa ferme opposition à l’engagement de l’Union Africaine (UA) et de ses partenaires stratégiques dans la mission de stabilisation en République Démocratique du Congo (RDC), pilotée par la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) sous l’acronyme SAMIDRC. Cette mission vise principalement à adresser les défis sécuritaires persistants dans l’est de la RDC. La position rwandaise a été officiellement communiquée à l’UA avant une réunion clé du Conseil de Paix et de Sécurité de l’organisation, consacrée à évaluer les enjeux sécuritaires dans cette région troublée.
Le gouvernement du Rwanda, dans une correspondance adressée à Moussa Faki Mahamat, le Président de la Commission de l’Union Africaine, a levé le voile sur ses réserves concernant la mission SAMIDRC. Kigali accuse la mission de collaborer étroitement avec des groupes dont les intérêts sont jugés contraires à ceux de la paix, y compris le soutien présumé des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et l’implication de mercenaires européens. Cette situation, selon le Rwanda, dévie de la trajectoire d’un indispensable processus politique, seule voie jugée viable pour une résolution durable de la crise dans l’est de la RDC.
Le Rwanda n’est pas à son premier acte d’opposition à des initiatives internationales dans la région. Déjà le 12 février, Kigali avait exprimé son désaccord face au soutien de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) à cette même force, craignant un renforcement de la posture offensive de la RDC au détriment des efforts de paix. La critique rwandaise souligne une préférence pour les solutions politiques et négociées, plutôt que pour les interventions militaires.
Les racines de cette crise sécuritaire, rappelle Kigali, plongent dans les événements récents de l’histoire de la région, marqués par l’activité des FDLR sur le territoire congolais. Le Rwanda reproche également à la Brigade d’Intervention de la SADC, établie en 2013, d’adopter une approche sélective dans sa lutte contre les groupes armés, en ignorant notamment les activités du FDLR.
Cette opposition rwandaise survient dans un contexte déjà tendu, marqué par le décès de deux soldats sud-africains depuis le début du déploiement de la SAMIDRC le 15 décembre 2023. Ce développement tragique souligne les risques et les défis inhérents à la restauration de la paix et de la sécurité dans cette région africaine stratégiquement importante mais instable.
La situation en RDC et l’implication régionale et internationale dans sa résolution restent des sujets complexes, témoignant de la difficulté de concilier les différentes approches et perceptions des acteurs impliqués. Alors que la communauté internationale cherche à appuyer la RDC dans sa quête de stabilité, l’opposition du Rwanda à l’approche actuelle met en lumière les défis de coordination et d’harmonisation des efforts pour la paix.
Le débat sur la meilleure voie à suivre pour assurer la sécurité et la stabilité dans l’est de la RDC promet de continuer à occuper le devant de la scène régionale et internationale, chaque partie prenante défendant sa vision pour une paix durable dans la région.
La Rédaction