Kinshasa, le 3 août 2023 – Une table ronde significative destinée à évaluer l’efficacité et les implications de l’état de siège dans les provinces tumultueuses du Nord-Kivu et de l’Ituri est programmée du lundi 14 au mercredi 16 août. L’annonce de cet événement d’importance a été faite par le Premier ministre Sama Lukonde, dans une correspondance adressée aux présidents des deux chambres du parlement. Ces derniers sont en effet sollicités afin de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le bon déroulement de cette table ronde qui se tiendra au prestigieux Palais du Peuple.
Cette rencontre de trois jours fait suite à des travaux préparatoires intensifs qui ont pris fin le 23 juin dernier. Pendant quatre jours consécutifs, un groupe hétérogène de participants, comprenant des membres éminents du gouvernement, des députés nationaux et sénateurs, les présidents éminents des assemblées provinciales ainsi que leurs adjoints, les gouverneurs civils déchargés de leurs fonctions au profit des militaires, les leaders éminents de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) ainsi que les représentants éminents de la société civile, ont uni leurs esprits afin de méditer sur la substance même de cette table ronde. Les délibérations ont porté sur des éléments cruciaux, à savoir les termes de référence et les points à aborder durant cette importante réunion. L’objectif majeur de cette table ronde consiste à examiner en profondeur les aspects tant positifs que fragiles de l’état de siège en cours. Les discussions visent à apporter une lumière éclairante et à orienter la prise de décision du président de la République en ce qui concerne la poursuite, la redéfinition ou la levée totale de cette mesure exceptionnelle.
Alors que les élections se profilent à six mois à l’horizon, les acteurs politiques demeurent en attente, escomptant la levée de cette mesure pour entamer sereinement leurs activités politiques, telles que le dépôt des candidatures et le lancement des campagnes électorales. Ils estiment que l’instauration de l’état de siège a créé des obstacles significatifs pour ces démarches politiques, freinant ainsi la libre expression démocratique.
Cependant, il convient de noter que cette initiative, bien que conçue comme une mesure de protection exceptionnelle, est de plus en plus critiquée par divers acteurs sociopolitiques présents dans ces deux provinces en raison de l’absence de résultats tangibles sur le terrain. En dépit des efforts déployés, les actes de violence perpétrés par des groupes négatifs continuent de gagner en intensité, jetant ainsi un doute persistant sur l’efficacité réelle de l’état de siège.
Mis en place depuis mai 2021, l’état de siège demeure en vigueur dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Malgré des voix insistantes plaidant pour sa levée en raison de son impact limité, les territoires sont toujours plongés dans une situation d’incertitude sécuritaire. Cette période de restriction a également été marquée par la résurgence alarmante de la rébellion du M23, qui a réussi à s’implanter dans plusieurs agglomérations des territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi, dans le Nord-Kivu. Les opérations militaires entreprises pour neutraliser cette rébellion n’ont malheureusement pas abouti à des résultats concrets. Actuellement, les pourparlers diplomatiques, bien qu’engagés, éprouvent des difficultés à produire des résultats palpables.
Cette table ronde promet donc une analyse approfondie des tenants et aboutissants de l’état de siège, tout en espérant des éclaircissements et des orientations décisives pour guider les futures décisions présidentielles. Elle se déroulera dans un contexte de défis sécuritaires persistants et de pressions politiques croissantes à l’approche des élections.