Dans un contexte où les enjeux sécuritaires demeurent cruciaux en République Démocratique du Congo (RDC), Corneille Nangaa, ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), n’hésite pas à porter un regard incisif sur la gestion de l’état de siège dans le pays. Dans une série de déclarations cinglantes, il pointe du doigt un échec cuisant de cette mesure d’exception et appelle à une prise de responsabilité radicale au plus haut niveau.
Selon Nangaa, l’état de siège, proclamé de manière précipitée et unilatérale sous prétexte de rétablir la paix en éradiquant les forces négatives telles que les FDLR, ADF-Nalu, CODECO et MAI-MAI, a plutôt exacerbé les problèmes sécuritaires dans certaines provinces, transformant ainsi les agitateurs en alliés du régime. Cette approche, qui aurait dû écraser les mouvements dissidents, semble avoir eu l’effet inverse, mettant en lumière un échec « patent » de la stratégie gouvernementale.
L’ancien président de la CENI ne mâche pas ses mots en affirmant que l’état de siège a été utilisé comme une « mailloche de répression », écrasant la dissidence politique interne tout en collaborant curieusement avec des forces militaires étrangères. Une situation paradoxale qui a permis aux forces négatives visées par cette mesure exceptionnelle de prospérer et de trouver un terrain fertile pour leur influence. Des groupes tels que les Mai-Mai, mystérieusement transformés en « WAZALENDO » par une sorte de « baguette magique », ont réussi à infiltrer des segments clés de l’appareil de sécurité, fragilisant ainsi davantage le tissu sécuritaire national.
Corneille Nangaa pointe également du doigt la situation économique dans certaines régions sous l’état de siège. Il révèle que le CODECO, tout en bénéficiant d’engins et d’équipements, a pu se doter de matériels pour l’exploitation de minerais à Djugu et Mahagi. Cette combinaison d’instabilité sécuritaire et économique a conduit à un bilan alarmant : une recrudescence de la criminalité sauvage et une multitude de morts, ainsi que des régions comme Bunia, Beni, Butembo, Sake et Goma asphyxiées économiquement et politiquement.
Nangaa ne mâche pas non plus ses mots quant à la mise en scène d’une table ronde pour évaluer l’état de siège. Il qualifie cette initiative de « surréaliste » et « inadéquate », soulignant que les problèmes nécessitent bien plus qu’un simple rassemblement pour être résolus. De Luanda, en Angola, où il se trouve actuellement, il met en garde contre cette mascarade qui sonne le glas d’un échec annoncé de la décision prise par le Président de la République sans une planification solide ni une approche opérationnelle réfléchie.
L’analyse cinglante de Corneille Nangaa, teintée d’une critique virulente envers la gestion gouvernementale de l’état de siège, révèle une réalité complexe et alarmante. Si le gouvernement ne prend pas des mesures décisives pour réorienter sa stratégie sécuritaire et rétablir la confiance de la population, la situation risque de se détériorer davantage, laissant le pays dans une spirale d’instabilité et de désordre. L’appel à la démission de Sama Lukonde et de son gouvernement constitue une étape audacieuse, mais nécessaire, pour répondre aux défis urgents que la RDC doit surmonter.