Les villes de la République Démocratique du Congo (RDC) sont saturées, non densifiées, bondées de monde et y vivre devient difficile à cause notamment de l’absence des infrastructures de base, de l’urbanisation sauvage, des constructions anarchiques et des embouteillages monstres.
A ces difficultés, s’ajoute celui de l’exode rural des habitants des campagnes vers les villes, profitant des conditions précaires de vie dont l’eau potable, l’électricité, écoles, universités et hôpitaux de référence qui s’y trouvent. C’est le cas notamment de Goma, chef-lieu de la province martyre du Nord-Kivu. Devant ce tableau ainsi peint de la situation de grandes villes rd-congolaises, que faut-il faire pour les dédensifier et y créer des conditions optimales de mobilité ? Il y a deux ans, des experts de l’Institut Supérieur d’architecture et d’urbanisme, (ISAU) réfléchissaient autour de la réponse à donner, à la demande du ministre de l’Urbanisme et Habitat, Pius Muabilu Mbayo.
Des propositions pertinentes furent rassemblées pour dédensifier la ville de Goma, pour tout autour des cités satellites de » Sake 1, Sake 2 et sake 3 » afin de relocaliser la population. Objectif, suivre de près l’évolution de cette ville dans tous les secteurs. A deux semaines de l’ouverture de la 7e édition du Salon du développement des villes dénommé Expo Béton qui se tiendra du 06 au 09 septembre 2023, à Kolwezi, capitale mondiale du cobalt et chef-lieu de la richissime province du Lualaba – une édition qui a pour Sponsor Officiel le Gouvernement provincial du Lualaba et dédiée au développement du Corridor Sud de la RDC-SADC, bénéficiant d’une attention particulière du Président de la République et l’accompagnement du Gouvernement central – le Responsable d’exploitation des études de l’ISAU, le Professeur Corneille Mudimubadu Kanene, a évoqué au cours d’une interview accordée à la presse, les options exploitées pour la dédensification de cette ville, indiquant que Goma connaît une forte densité d’occupation dont 13 quartiers sur 18 sont sur-densifiés.
Pour lui, la ville de Goma regorge entre 2.000 et 2.200 habitants/l’hectare, pendant que le seuil de densité normal est compris entre 240 à 300 habitants/hectares. » Les options sur lesquelles nous avons travaillé, consistent à dé-densifier Goma et les grandes zones de gaz dans certains quartiers, appelés Mazoukou et considérés comme zones d’exclusion non habitables suite à toutes les coulées de laves des éruptions de 1927, 1977, 2002 et 2021 » a-t-il renchéri. Il a, en outre, soulevé la nécessité d’opérer le reboisement dans ces zones d’exclusion, ceci pour servir des espaces verts et de construire les cités satellites de Sake 1, Sake 2 et Sake 3 dans un rayon de 40 Km tout autour de Goma, en tenant compte de fractures tectoniques que subit la ville. Interview.
Professeur, quel est l’apport de la Communauté scientifique au développement des villes rd-congolaises que vous comptez proposer aux participants de la 7e édition de l’Expo Béton ? » Je salue d’abord l’Initiative Expo Béton, cette plateforme qui permet, disons-le bien, à tous les acteurs, mieux les experts du développement urbain qui portent en leurs mains l’avenir des différents pays. Aujourd’hui, quand on regarde la RDC, on dit que 60% de la population est rurale. C’est tout à fait normal que tout bailleur de fonds puisse d’abord se pencher sur le développement rural », a déclaré d’entrée de jeu le Professeur Corneille Mudimubadu Kanene. Avant d’ajouter : » A l’horizon 2050, il y aura (Ndlr : 40% de la population actuelle de la RDC est urbaine) plus de 50% de la population habiteront dans des centres urbains dont les villes. Nous devons investir dans le développement urbain en se projetant vers le futur. J’y crois pertinemment bien pour la simple raison que le pauvre qui vit en milieu urbain est plus pauvre que le pauvre qui vit en milieu rural.
En milieu urbain, on vit dans l’extrême pauvreté. En milieu rural, il y a encore l’entraide. Les villageois ont développé des mécanismes d’entraide et de survie qui font que même si on est pauvre, on ne peut pas dormir affamé, ni dehors. On trouve toujours quelque chose à mettre sous la dent. En ville, nous avons des sans-abris, quand on n’a pas à manger, on n’a pas à manger. »
A ce propos, quelle stratégie adopter pour dédensifier les villes rd-congolaises ? A cette question de la presse, le professeur Kanene n’est pas allé par le dos de la cuillère. » Au niveau de l’urbanisation, il faut dédensifier nos villes telles que Goma où la densification est très élevée. Il faut aller dans l’interland de Goma pour y développer des cités satellites. Cela sera possible si et seulement si le développement urbain est reporté vers les cités satellites de Sake I, Sake II et Sake III. Reporter le développement urbain vers les milieux ruraux. C’est-à-dire ramener la ville au village. »
Philippe Katumba.